Taught to play the Autoharp

Voir Venise...

... et mourir. Dans quelques heures, je serais dans l'avion qui m'emmène au berceau de mes ancêtres. Même si je n'ai pas un lectorat immense et fidèle, même si je peux passer trois semaines sans poster de nouvelles, je voulais marquer cette absence-ci ; peut être pour frimer.
Ce qui me fait penser à cette femme que j'ai aidé, il y a peu. Elle avait une poussette, on était dans le métro, il y avait un escalier. Vous aussi, vous le voyez venir gros comme une maison ?
Pendant que nous montions, j'essaye de faire conversation. Parce qu'après tout, nous sommes deux êtres humains dans la même ville, pourquoi ne pourrait-on pas se parler ? J'ai faim de connaitre mon voisin.

"- Ca ne se fait plus, ça, d'aider les gens avec des poussettes... Profitez en tant que vous pouvez.
-Merci, Dieu vous le rendra."

Maintenant que je couche ça par écrit, je me rends compte que j'ai du sonner très prétentieux et égoiste. Profitez de la faveur que je vous fait, elle est rare et précieuse. Alors que non, c'est juste l'enfance de l'art, la politesse la plus basique et l'envie d'aider et faire plaisir à son prochain. Bref.
Dieu me le rendra ? Qu'il garde son aide pour des gens qui en ont besoin, je ne veux que du sexe sans lendemain, de l'oubli et un zeste de basilique. Ou peut être Dieu fait il consultation pour addict sexuels. Dieu notre père. Je ne sais pas pourquoi, mais qu'elle m'assure que Dieu me rendrait ce que je lui donnais m'a choqué. Me rendre quoi, pourrais-je m'indigner, je n'ai rien fait (de mal). Et puis pourquoi me rendre à moi précisément ? Je ne suis pas un modèle de mérite. Et puis pourquoi me rendre quelque chose d'insignifiant ? Si Dieu pouvait me rendre quelque chose, je préfèrerais retrouver mon scooter plutôt que de récupérer quatre centimes parce que les impôts se sont trompés.
Et c'est drôle comme à travers toutes ces réflexions, quand je pensais "Dieu", je pensais "son Dieu à elle, étranger en visite dans ma réalité ou il n'y a pas de Dieu".
J'imaginais Poséidon chevauchant un carosse de nuages noirs, la foudre dans une main et les rennes dans l'autre, sa grande barbe se mélangeant avec les nimbes qui le soutenaient. Et de sa grosse voix dire "Oh, toi, homme de bien qui aide les femmes à poussettes (femmes à...), soit récompensé pour ce geste par moi, Dieu." Et le tonnerre gronderait, la terre tremblerait, et je deviendrais une femme à poussette que l'on aide dans les escaliers.