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La Route
--> I had the weirdest dream
Au début, ce n'était qu'un petit mécontentement. Et puis, les jours passant, c'est devenu un grondement d'indignation qui a fini par enflammer la France.

"- Tu sais ce qu'on devrait faire ? Descendre dans la rue et marcher jusqu'à la mer. Essayer de rameuter le plus de gens possible. Leur montrer qu'on est pas des Lemmings qui courent aveuglément au suicide."

On est donc descendu à deux dans la rue, un briquet et un paquet de clopes dans la poche. On s'est mis à marcher au milieu de la rue, à alpaguer les gens dans rue et leur dire de se joindre à nous. Bien sûr, au début, personne ne voulait suivre deux idiots qui criaient et riaient ensemble de quelque chose que personne ne comprenait alors que les temps étaient si durs. Et puis, quelques curieux ont commencé à se rapprocher, à demander ce qu'on faisait. Quelques voitures nous ont klaxonné, attirant sur nous l'attention de plusieurs autres.
Au bout de quelques heures, notre petit groupe comptait une bonne douzaine de membres, tous riants et criants, qui se découvraient les uns les autres. Il y avait une ambiance bonne enfant des gens qui se joignent à une blague parce qu'ils n'ont pas mieux à faire de leur journée. Pensez, la télévision est payante et personne n'a un rond. Pendant les heures suivantes, le groupe perdit quelques membres, qui "devaient faire chauffer le biberon du bébé" ou "aller dormir parce que demain le chef veut me voir dans son bureau".
Nous n'en avions cure. L'idée c'était de marcher jusqu'à la mer pour montrer au gouvernement que les choses n'allaient pas. Et on acceptait quiconque nous rejoignais. Ceux qui ne voulaient pas se bouger, et bien qu'ils restent sur place à pourrir. Le mouvement c'était le changement, et on en avait marre de stagner et dépérir.
Une fois passée la banlieue, les gens commencèrent à douter.

"- Attendez, vous aller marcher jusqu'où comme ça ? Non parce que c'est bien joli tout ça mais j'ai un peu faim moi !"

Alors on envoya des éclaireurs voir si quelques gens de bonne volonté auraient un peu de nourriture pour ceux qui en avaient besoin. C'est la que la gendarmerie nous rattrapa. Il nous fut expliqué que ce que nous faisions était illégal et que nous devions immédiatement nous disperser. Cependant nous continuâmes à marcher, en expliquant aux policier pourquoi nous faisions cela. Il fut entendu que nous aurions le droit de continuer du moment que nous formions un convoi, délimité par un ruban autour des marcheurs et avec des feux arrières et un panneau "convoi lent". D'autres éclaireurs partirent quémander le matériel dans les maison environnantes. Une petite grand mère nous fit l'offrande de plusieurs rubans roses qu'elle comptait utiliser pour des cadeaux mais à cause du nouveau système de santé, sa maladie de Parkinson l'empêchait de coudre ou même de se déplacer.
Elle fut la première de nos "marcheurs fantômes" et le symbole de notre marche. Notre message en fut un peu changé. Nous marchions vers la mer pour trouver les mécontents du système actuel et faire porter leurs voix.
L'ambiance bonne enfant, bien qu'un peu plus calme, continuait d'égayer notre marche. Les gens, bien qu'ici pour se plaindre, discutaient gaiement de ce qu'ils faisaient avant d'entreprendre ce pèlerinage. Le va-et-vient des éclaireurs était maintenant constant, et ils ramenaient un peu n'importe quoi. Des brancards, une trousse de soin, des tentes, des duvets, un réchaud à gaz, des bâtons de marche, des planches…
La première nuit tombait sur nous et un des éclaireurs nous raconta qu'un fermier du coin nous prêterais son champ pour y passer la nuit. Ce que nous fîmes.
Au petit matin, plusieurs nous quittèrent, prétextant que "bon, c'était rigolo mais je suis bien fourbu, je pourrais pas continuer plus loin". Après une ou deux heures de marche, les médias accoururent. Et une autre brigade de gendarmerie. Pendant que ces derniers prenaient place sur le périmètre de notre congrégation, organisant le défilé de façon à ne pas gêner, les premiers vinrent vers ceux qui marchaient en tête et commencèrent à poser les questions habituelles.

"- Vous faites ça pour quoi ?
- Contre. Contre l'oppression.
- Contre le système judiciaire.
- Contre le système pénal.
- Contre la hausse des prix.
- Contre l'immobilier.
- Contre les abus.
- Pour Mamie !
- Pour Mamie !
- Et qui est le leader du mouvement ?"

Les gens se regardèrent, interloqués, tout en continuant à marcher. Le silence se fit. Je m'avançais jusqu'au ruban rose et déclarait :

"- Il n'y a pas de leader, il n'y a que le mouvement. Ce qui à commencé comme une bande de joyeux drilles un peu mécontent s'est transformé avec la marche en un grand défilé d'injustices. Car ici, ce ne sont pas des mécontents mais des victimes. Victime de l'immobilier qui préfère raser que de mettre aux normes, victime du système judiciaire qui prends des années à décider des responsables d'un accident de la voie publique, victime du système de santé qui ne veut pas d'elle. Mamie est notre symbole, sa volonté nous accompagne là ou son corps ne peut la porter à cause du gouvernement et de ses décisions !
- Et nous, gendarmes, on est là pour vérifier que tout se passe bien. Mon commissariat entier était sympathisant à la cause de ces marcheurs, donc nous sommes là à titre gracieux."

Après cette révélation choc, de plus en plus de gens se joignirent à nous. Le cortège commença à s'étirer sur plusieurs kilomètres. Une équipe de premiers soins nous rejoignit, et plusieurs services ambulant commencèrent à s'organiser. Une cuisine ou quelqu'un portait le réchaud à gaz et quelqu'un d'autre un petit frigo, des brancardiers qui portaient ceux qui voulaient faire une sieste pendant un temps… Un grand train humain ou la seule constante était celle d'être à pied. Lorsque les "meubles" fatiguaient, d'autres prenaient la relève. Nous marchions même la nuit, à présent, grâce aux travailleurs de nuit qui nous avaient rejoins pour dénoncer leurs conditions de travail. Quand quelqu'un des médias leur demandait pourquoi ils faisaient ici ce qui ressemblait à leur travail "de là-bas", ils leur répondaient que quitte à ne pas être payé, autant faire plaisir à plusieurs personnes, plutôt qu'à un chef qui au final n'y prêtait pas attention puisque pour lui c'était un dû et non pas un service rendu.
Bien sûr, de fortes têtes s'étaient montrées pendant la marche, des personnages éloquents, des orateurs, ou tout simplement des gens qui cherchaient à corrompre et récupérer le mouvement pour leur propres intérêts. Mais grâce aux premiers éclaireurs, le symbole de Mamie flottait au dessus de nos têtes, sur des drapeaux et des des banderoles. Symbole qui fut très vite rejoins par tous les autres "marcheurs fantômes" qui voulaient que leur voix soit entendue aussi.
Invariablement, ces gens se retrouvaient en tête de convoi, comme s'ils le menaient. Mais peu importait aux gens de savoir ou ils allaient, l'important était de marcher. Mais peut-être par jalousie, peut-être par défiance, je me fis connaitre de ces prétentieux.

"- Dites, les gens, c'est pas votre mouvement là. C'est un peu un rassemblement de gens unis par une même idée, qu'on leur montre un peu de justice et de chaleur humaine.
- Attend gamin, pour qui tu te prends ? La Cohorte c'est autre chose que ça !
- Je ne me prends pour personne. J'ai lancé ce truc, je marche depuis Paris et je sais exactement ou on va.
- C'est impossible, j'étais à Paris et je ne t'ai pas vu.
- Tu mens. Je connais tous les gens du convoi et toi es monté à bord à Orléans. Et toi à Bourges. Et toi à Tulle. Je vous connais tous, je vous observe depuis que vous avez commencer à ouvrir vos grandes bouches et à dénaturer ce que vous avez trouvé.
- …"

Quelques-uns des imposteurs quittèrent le convoi, défaits. D'autres restèrent, rejoignant notre idéologie. Mais Marc était différent. Marc pensait que si on ne partageait pas son point de vue, c'était qu'on avait pas entendu assez d'argument. A partir de cette discussion, Marc passa le plus clair de son temps à me bassiner d'insipides discours pour me faire se ranger à son avis. Les discussions, ou plutôt les monologues, se poursuivaient jusque tard dans la nuit. C'était devenu un fond sonore qui noyait le reste du monde dans une soupe grise informe.
Arrivés à Cahors, un détachement de la police nationale nous informa que nous devions placer le leader en tête du convoi sous peine de dissolution. Marc se jeta sur l'occasion.

"- Je prendrais la tête du convoi !
- Et de quel droit ? Après tout ce temps tu n'as toujours pas compris le but de cette marche. C'est moi qui prendrait la tête du convoi et tu marcheras derrière moi, ça te fera les pieds.
- On vous surveillera messieurs, et si le convoi vous dépasse, vous savez ce qui vous attend."

Pour faire plus simple, on décida de détacher un petit groupe en avant garde. Je prenais le devant, Marc grommelait derrière avec trois "remplaçants" pour quand je devrais immanquablement dormir, puis venait un brancard "juste au cas ou". C'est passé Montauban que Marc devint insupportable. Il commença à courir de toute part, à déblatérer des insanités, à tenter de faire peur aux médias…
Je tentais de le prendre à part.

"- Ca ne peux plus aller comme ça, Marc. Tu ne comprends donc pas ? Tout ce qu'on fait, tout ce pour quoi on marche, ça ne vaut pas un pet de clou si tu fais tout foirer avec tes pitreries. La France entière nous regarde, maintenant que les médias nous suivent les vingt-quatre heures du jour et de la nuit. Et toi, tu ne fais que discréditer le mouvement avec tes diableries. On est plus la bande de joyeux gaillards du départ de Paris. On est un convoi qui représente des milliers, des millions d'âmes en colère et si on est pas irréprochables, cette colère va se retourner contre nous.
- Attend, attend, bonhomme. Tu t'es approprié un mouvement qui n'est pas le tien. Ce sont des gens qui marchent avec nous, chacun avec son petit problème, chacun victime d'une injustice de plus du système…
- N'utilises pas mes arguments contre moi, Marc ! Et retourne à l'arrière !"

Je crois que c'est là que tout à commencé à dégringoler. Un jour qu'on passait sous un pont, Marc à trouvé un reste de clôture barbelée que des opposants avaient posé pour nous barrer le passage et que nos éclaireurs avaient désamorcé. Il s'en saisit et la fit claquer dans l'air comme un fouet, puis commença à me poursuivre avec en hurlant que si je voulais tant être devant, et bien je n'avais qu'à prendre plus d'avance.

---

Il y a une petite fille agenouillée devant une table basse, le menton posé sur ses mains, qui regarde la lumière blafarde de la télévision.

"- Fait divers : Le corps du supposé leader de la "marche de Mamie" a été retrouvé par ses fidèles dans un bas-côté près de Tarbes, lacéré avec ce qui semble être du fil de fer barbelé.
A Montluçon, le gouvernement fait brûler un immeuble car "les coûts de rénovation sont trop importants". Les pompiers qui fouillaient les décombres ont retrouvé le cadavre calciné d'une petite fille d'environ huit ans qui habitait là. La police continue de chercher à savoir comment elle a pu être présente sur les lieux du sinistre."

La petite fille devant la télévision blêmit devant l'image du petit corps noirci qui porte au poignet une gourmette d'argent.

"- Mamaaaaaaan ! Ya Susanna qu'elle est morteeeeeeeee !
Ecrit par Mr Freeze, à 11:26 dans la rubrique "Classeur".

Commentaires :

  jessicaB
jessicaB
21-08-11
à 12:40

zery good

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