Taught to play the Autoharp

Je voudrais pratiquer cette langue des signes. Je voudrais rencontrer une aveugle. Je voudrais rencontrer une sourde. Je me vois, dans mes rêves, marié à une sourde. Nos petites conversations secrètes malgré la foule qui nous entoure, les doigts qui s'emberlificote parce que mon orthographe n'est pas si bonne que ça et puis allez donc signer quand vous êtes nu et que madame a tiré toute la couverture vers elle alors qu'on est quand même fin novembre et que la fenêtre ouverte c'était pas forcément une bonne idée pour aérer, en plus je suis désolé mais sa transpiration sent bon et puis j'en aime le goût, moi. Je voudrais que mon aveugle de petite amie soit intéressante et qu'elle me parle de ses musiques préférées, qu'elle touche mon visage encore et encore, que dans la rue elle s'accroche à mon bras comme ma fille de cinq ans quand on l'amène chez le dentiste. Je voudrais que ma sourde de femme me raconte ses lectures. Je voudrais que ma paraplégique de copine se sente en sécurité lorsque je pousse son fauteuil, que je la prends dans mes bras pour monter les escaliers. Je voudrais pouvoir leur traduire le monde que je vois, que j'entends. Et puis, une aveugle n'aurait pas à voir mon visage, une sourde à m'entendre chanter. Coucher cela par écrit, ou transcrire la vision en son et le son en images. Une pulsation qui accompagne le rythme et une couleur vert pastel pour les cuivres, crin de cheval pour les cordes et bleu sombre pour les vents. Peut être effectuer un glissement de la fréquence sonore à la fréquence visuelle. C'est toujours plus facile pour la musique, puisqu'il n'y a qu'une dimension. Mais allez traduire l'image d'un bégonia en musique, et sans paroles parce que ce serait trop facile sinon. Je voudrais faire de nouvelles rencontrer et me souvenir des dix dernières. Je veux brûler, encore une fois, au brasier, des premières fois. J'ai imaginé ce cours de danse ou l'on ferait du mi-chemin. Moitié livre-audio pour sourds et moitié danse chorégraphiée. Il il y aurait des personnages qui se salueraient, qui commenceraient à danser et qui de temps à autre signeraient tel ou tel mot. Non pas pour ponctuer la représentation mais comme ça, pour dire. Dire. Danser. Ce n'est pas une coïncidence si les deux commencent par un "D". Il n'y a pas de coïncidences. Je voudrais rencontrer une mutilée, à qui il ne reste qu'une main ou qui ne porte jamais de jupes courtes parce qu'elle n'a qu'une jambe. Je voudrais rencontrer une schizophrène pour écrire ses idées. Je voudrais rencontrer une diabétique pour la narguer avec mon nutella.

Je voudrais ne plus jamais revoir de malade de Crohn pour ne pas me rappeler Miranda.