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Intimités dévoilées

Intimités fraiches
... Et les pigeons s'envolaient à son approche.
--> Où l'auteur fanfaronne.
J'ai toujours pensé que j'étais fidèle. L'expérience m'a appris à nuancer cette pensée.

Je pensais être régulier dans mes publications. Fidèle à mon lectorat, aussi absent soit-il. Et bien non. Enfin bref. Le titre viens d'une de mes récentes promenades sur les quais de la Seine, que je compte vous raconter. Le sous-titre viens d'un livre de Pierre "Dieu" Desproges ou tous les sous-titres commencent ainsi : "où l'auteur...". Enfin bref.

J'étais donc seul sur la grève, la chemise flottant dans le vent mauvais et l'écharpe coincée dans le pantalon - ou l'inverse - quand je vis devant moi ce qui semblait être un nuage de plumes et de becs. Des yeux jaunes furibonds me foudroyaient tandis que...


Je me promenais sur les quais de Seine, ce fleuve aussi majestueux et pollué que l'infini de l'espace; ce fleuve qui continue en zigs-zags jusqu'à là-bas au loin dans la mer qu'elle est grande et belle et que ses vagues sont toutes de grosses sal...etés d'une violence inouïe quand on se les prend de plein fouet. Souvenirs. Mes genoux écorchés, mon dos cabossé. Et ainsi donc, le long de la Seine, ne voila-t-y-pas qu'un ou deux pigeons s'envolent devant moi.
C'est anodin, je sais. Mais il y avait quelque chose d'effrayant et de comique dans ce vol de pigeons. D'abord effrayant, parce que ça m'a rappelé toutes ces images où le grand méchant est entouré d'un vol de corbeaux qui fuient à son approche tellement qu'il est grand et qu'il est méchant. Amusant parce que, comme la physique nous l'a démontré, les pigeons ne savent déféquer qu'en vol, et en général avec une précision millimétrique quand il s'agit de la voiture d'un particulier (Je n'ai jamais vu un pigeon déféquer sur une voiture immatriculé Corps Diplomatique, aussi étrange que cela puisse paraitre).
C'est là que je me suis imaginé en grand méchant (car je suis grand par l'âme et méchant par l'esprit) faisant fuir devant moi les hordes de pigeons qui iraient partout annoncer ma sinistre venue avec un concert de défécations d'un blanc nacré teinté de treillis militaire sur toutes les voitures qui auraient le malheur d'être garées aux alentours de 15H. Dans la ville entière on tremblerait de voir son automobile chérie profanée par la nature en panique.
J'ai failli laisser sortir un rire démoniaque, mais je me suis retenu. Les poissons mutants qui se cachent dans la Seine auraient pu prendre ça pour un défi, et personne ne devrait défier les poissons mutants de la Seine. Les avez vous déjà vus, ombres furtives qui glissent sous l'eau saumâtre, à peine aperçus, déjà disparus... Comme la chanson de Manu Chao, mort trop tôt.

Et puis je me rappelle ce que ce quai à de spécial. Les pigeons, le soleil, les poissons ont disparus. Je suis revenu à cet été lointain. Chemise fermée, j'avais dit à son père que je serais le parfait chaperon. Chemise fermée, j'ai pris sa main dans la mienne. Chemise ouverte, je l'ai menée au centre de la piste de danse. Le soleil couché et les bras fatigués, nous sommes sortis de la caserne pour rejoindre les bords de Seine. Elle voulait me montrer quelque chose. Je me suis posé sur un de ces cylindres de fonte que les bateaux utilisent pour s'amarrer, ait sorti un cylindre de feuilles sèches et ma boite à étincelles. Tchac Tchac Tchac, le vent m'empêche d'arriver à quoi que ce soit. "Tu regardes, hein ?" Oui oui, bien sûr que je regarde. Je regarde mon bout de papier qui ne veut pas s'enflammer, s'enflammer comme je l'ai fait une ou deux heures plus tôt, au milieu de la foule, corps contre corps, mes mains sous les siennes. Je lutte encore un peu et le voilà qui s'allume, la même rougeur à l'extrémité qu'elle avait sur les joues, un peu plus tôt. Alors je relève là tête, et je la regarde.
Elle danse. Pour moi. Il y a le sol, froid sous mes pieds nus. Il y a ce morceau de fonte, étrangement tiède, comme lorsqu'on s'assoit sur un siège récemment quitté. Il y a le vent, qui souffle entre nous deux. Et puis il y a nous deux. Moi, assis, qui la regarde, dansante. Il n'y a pas de musique, il n'y en a pas besoin. Elle m'a dit un jour "Ne chante pas, je vais tomber amoureuse". J'aurais voulu lui répondre "Ne danse pas, je vais tomber amoureux".

Un jour, elle a annoncé avoir trouvé sa vocation. Partir en Inde, faire de l'humanitaire. Elle est donc partie. Je crois qu'un mois plus tard, on apprenait ce qu'ils appellent avec flegme un accident de la circulation et trois victimes.
Ecrit par Mr Freeze, à 18:47 dans la rubrique "Corbeille".

Commentaires :

  MangakaDine
MangakaDine
23-04-10
à 22:22

C'est juste magnifique.
Répondre à ce commentaire

  AboveTheClouds
AboveTheClouds
05-05-10
à 19:25

Tu m'as émue.
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