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Intimités fraiches
Give me your heart and your Soul
--> 'Cause I want it now I want it now
"Nous deux c'était épique."

De cette phrase je retiendrais deux mots.
Tout d'abord, épique. Le registre épique - ou héroïque - repose sur la réaction d'admiration du lecteur devant les exploits de héros surhumains. Les héros, nos héros; étaient appelés Immortels ou Demi-dieux. Dans leur veines coulaient un sang divin, et leur prouesses inspiraient les hommes à se dépasser. Tu sais combien j'aime l'épique. L'épique, c'est de se retrouver seuls face à la multitude. Anonymes dans un stade lors d'un concert, dans les bras l'un de l'autre alors que tous ont les bras au ciel. C'est être le couple sur la carte postale, s'embrassant sur le pont des baisers. Dieu sait qu'il y en avait des couples, ce jour là. Marins, badauds, touristes. Mais nous brillions d'un feu à nul autre pareil au milieu de tous, coeurs embrasés contre le soleil couchant. S'embrasser et puis courir dans les rues, fuyant la foule qui nous acclamait, à cause de la légende selon laquelle les couples qui s'embrassent sur ce pont restent liés à jamais. Tu sais combien j'aime les légendes. Tu les appelait "la poésie de la fuite" parce que c'était ta manière - poétique - d'échapper à un quotidien parfois trop lourd. Rêver de Siegfried, convoiter l'anneau des Nibelungen, aspirer à voir un jour la table d'Arthur, imaginer le voyage du Cid. Les légendes sont le lait des Irlandais, me répétais-tu.
Je me rappelle une bande-dessinée appelée "Docteur Poche". C'était un magicien, comme dans les légendes. Quand il était jeune, il est tombé amoureux d'une fille, qui est morte. Alors, pour se racheter de n'avoir pu la sauver, il est devenu docteur. Il a voué toute sa vie à racheter l'unique faute qu'il ait jamais commise, et qui, franchement, n'est même pas la sienne. C'est cette étincelle que je retrouve dans l'épique. Une blessure comme un gouffre incommensurable qui donne naissance à une quête grandiose pour racheter le péché original, une quête qui finit par faire tourner le monde. Une quête qui lui donne un sens. Je pense maintenant que c'est ce que tu cherchait. Une quête à laquelle te dévouer. Une légende qui donne un sens à ton monde. Et quelque part, on a créé notre propre légende, épique. Ma légende, en ton honneur.

Je me rappelle très bien notre première rencontre. Dans un couloir bondé de monde, j'ai vu tes cheveux incendiaires dépasser de la masse. Je n'y ai pas prêté attention. Juste une tête rousse de plus dans un monde qui en compte si peu. Les rousses sont les concubines du Diable, a ce que l'on raconte. Les Succubes sont souvent rousses, quoique si l'on en croit la légende elles peuvent changer d'apparence, alors ce n'est pas bien difficile.
Je ne t'ai pas revu jusqu'à l'année suivante, lors d'une soirée. Tu étais l'amie d'une amie, et tu avais besoin d'un chevalier servant pour te raccompagner. Il était une heure du matin et il pleuvait des cordes. J'avais envie de respirer, alors j'ai sauté sur l'occasion. On a couru dans les flaques, riant sans raison comme des enfants conscients de faire une bêtise. Tes petits escarpins furent très vite ruinés. J'ai enlevé mes chaussures de sport grises et humides et je te les ai donné, courant pied nu à tes côtés. Elles détonnaient avec ta jupe à fleurs. Arrivés au bas de ton escalier, j'ai déployé mon parapluie. Tu m'as demandé pourquoi je ne l'avais pas ouvert plus tôt. Je t'ai répondu que j'aimais la pluie.
D'un mouvement soudain et gracieux, tu as passé ta langue sur l'arête de mon nez, avant de disparaitre derrière la grande porte cochère devant laquelle j'ai passé tant de temps à t'attendre par la suite. Je suis tombé à genoux. Diagnostic : Coup de Foudre.
J'avais ton adresse, et je m'empressai de t'écrire.

"A l'inconnue de la sombre porte cochère,
J'ai eu l'honneur de vous servir de chevalier, mademoiselle, lors d'une nuit d'orage. Votre baiser d'adieu ne m'a, hélas, pas porté chance. L'ombrelle que je venais d'ouvrir a - dès votre disparition - attiré la foudre sur votre serviteur. Je m'en suis cependant relevé sans heurt. L'envie de vous revoir me brûlant, j'ai tambouriné à la porte toute la nuit durant, et le matin encore un peu. Votre herse n'a pas bougé pour autant. Je me capitulais donc devant votre imprenable citadelle. Et comme tant d'autres conquérants défaits aux portes de châtelaines triomphantes, j'étale devant vous les trophées qui vous reviennent de droit. Je n'ai cependant aucune terre ou armée que je puisse offrir, mais s'il vous plait d'accepter mon âme, je comblerais toutes vos attentes. Votre verbe est mon ordre.
Dans l'attente enfiévrée d'une réponse que j'espère déjà positive,
Votre défenseur, à jamais"

J'ai l'impression que c'était il y a une éternité. Tu as accepté mon butin. Tu m'appelais, j'étais là dans l'instant. Toi, par contre, lorsque je voulais te voir, tu jouais les filles de l'air. Ta légèreté et ta complexion éthérée rendaient la chose facile, et je ne me fiais qu'à la crinière de braise qui dépassait pour te retrouver parmi la foule. A la crinière de braise et aux deux sphères d'ébène qui me regardaient souvent d'un air mi-accusateur, mi-inquiet. Et moi de toujours afficher un sourire désarmant, pour te faire perdre cette expression. De te rassurer sur mes intentions (Les plus nobles qui soient, miss Châtelaine. Oeuvrer pour votre bonheur à jamais.) De déposer de discret baisers sur ton front, avec tendresse et dévouement. De souffrir le martyr lorsque des larmes de cristal roulaient sur tes joues de velours. De te tenir au creux de mes bras lorsque tu ne pouvait plus contrôler tes sanglots. De caresser tes cheveux avec, peut être, l'espoir de les discipliner. De toujours remettre cette mèche derrière ton oreille, que j'admirais avec passion.

Au bout d'un moment, l'anonymat des grandes foules t'a étouffé. Nous nous sommes donc rencontré dans l'intimité de petits cafés, cachés derrière un paravent et chuchotant des messes basses sur les autres clients. Seuls nos fous rires devaient être perceptible, tant nous chuchotions bas. Et puis les cafés sont devenus trop peuplés pour toi. Nous nous sommes donc réfugiés entre les allées 390, 840 et 940 de la bibliothèque. Je m'installais confortablement dans un de leurs grands fauteuils club, et tu venais t'assoir sur mes genoux, les jambes sur l'accoudoir et les bras autour de mes épaules. J'ouvrais un grand livre de contes et nous lisions une histoire, ensemble. J'adorais ces moments silencieux ou ton index posé nonchalamment sur le coin de la page m'indiquait que je n'avais pas encore le droit de tourner la page. Et puis ta façon de le retirer en glissant avant de faire trois boucles en l'air pour le reposer sur le coin de la page suivante.
Un jour, tu as émis l'idée qu'on pourrait, finalement, pourquoi pas, emprunter une pile de livres et les lire à l'abri des rares passants de la bibliothèque, dans le calme confort de ton canapé d'angle en cuir. Allongé sur la méridienne, tu m'écoutais lire des histoires pour enfants, des histoires pour adultes, des histoires que j'aimais, des histoires que j'écrivais, des histoires drôles, des histoires tristes, des histoires épiques, des histoires toutes simples.
Je crois maintenant que j'aurais préféré en rester là. Je me rappelle très bien cet après-midi très lumineux. Ton petit doigt mutin posé, insouciant, sur la page aux grenouilles. Et puis, après ses trois boucles, qui se pose sur ma chemise. Déjà, tes yeux n'avaient plus cette expression de reproche et de regrets que je connaissait si bien. Tu m'as fait penser à un lutin,  les jambes à demie repliées, une main sous la tête et l'autre contre moi, une lueur espiègle dans les yeux.

Le contact du cuir sur ma peau nue à laissé des marques pendant une semaine, mais il est resté gravé à jamais dans ma mémoire, tout comme cet instant.
Un bras autour de tes épaules, la main dans tes cheveux, je chantais distraitement "Mon amour pour toi" tout doucement, au creux de ton oreille, et tu riais :

"Mon amour pour toi est plus nombreux que les gouttes de pluie qui tombent. Il peut briller, briller même plus que le soleil, même dans la nuit là il peut briller plus que le soleil. Tu vois toi-même que c'est trop fort. Est-ce que toi tu as déjà vu le soleil briller dans la nuit ? Hein ?"

---

Le deuxième mot que je retiens, c'est "était". Déjà, tu nous conjugue au passé. Te rappelles tu ces histoires d'hommes fous d'amour pour une femme, qui, lorsqu'ils la perdaient, n'en pouvaient plus d'entendre leur coeur cogner contre leur poitrine ? Qui dès lors l'ont arraché et remisé dans un endroit que la mémoire ne peut retrouver, pour oublier leur tourment ? Tu pensais peut être que je ferais de même ? Que je deviendrais le spectre vengeur de l'amant éploré, abandonnant derrière moi celui qui battait uniquement pour toi.
Oh, ce serait épique. Oh oui, comme ce serait épique.
Un homme, trahi, perdu, qui rejette sa condition humaine, qui commet l'acte héroïque, surhumain, de plonger sa main dans son torse pour en faire sortir la vicieuse petite voix de son bouffon personnel lui susurrant à chaque battement combien il aime celle qui est partie; combien il souffre, lui, bouffon écartelé, ainsi que son maître et prison, de cette perte. Me l'arracher et le mettre en cage, oublier la cage dans une malle que je verrouillerai avant de la jeter dans la cale d'un bateau que j'enverrais ensuite par le fond, rejoindre les coffres de Davy Jones. Car je t'ai raconté que tout ce qui coule est à Davy Jones. Et qu'on ne reprend jamais ce qui est à Davy Jones.

Et bien non, je n'en ai rien fait. Je t'ai écrit plusieurs lettres, auxquelles tu n'as jamais répondu. Je te disait que quelles que soient tes attentes, tes désirs, je sauraient les combler. Je te disait que tu m'étais nécessaire, que tu avais mon âme en otage, que tu ne pouvais pas me la prendre et t'enfuir, que tu n'étais pas ce genre de personne. Par dessus tout je te demandais de m'expliquer, parce que je ne comprends pas. Au présent, pas au passé. Encore aujourd'hui, je me demande comment. Non pas pourquoi tu l'as fait. J'ai toujours respecté tes silences et n'ai jamais posé de questions indiscrètes. S'il te semblait qu'il fallait en parler, j'écoutais, mais je n'ai jamais rien demandé de toi que de me permettre de te voir heureuse. Alors comment est tu devenue celle qui m'a volé mon âme avant de disparaitre ?

Tu sais, je me suis toujours demandé, après un livre, que pouvait bien devenir le héros ? Après avoir sauvé le monde, comment peut on revenir à une vie normale ? Je crois qu'il y a un syndrome qui parle de ça, lorsque par exemple les soldats reviennent à la vie civile et ne savent pas s'adapter. Ce n'était pas une guerre, nous deux, mais je n'ai pas su m'adapter. J'ai survécu, ça oui. J'ai même pendant un temps noyé mes sens dans l'extase de l'oubli, plongeant dans mon verre comme un récolteur de perles, pour rester au fond le plus longtemps possible, espérant que Davy Jones me prendrait avec lui.

Et puis, la situation ne s'améliorant pas, j'ai commencé à me dire que si je pouvais vivre sans coeur, je pouvais vivre sans toi. J'ai recommencé à voir mes amis, sourire pour les rassurer, retrouver une vie sociale. Faire des rencontres. J'en ai fait des rencontres. Beaucoup de filles, beaucoup de femmes aussi. Elles étaient mignonnes, belles, à couper le souffle parfois; mais jamais jolies. Je n'ai jamais employé ce mot avec quelqu'un d'autre que toi. Comme s'il était frappé d'anathème.
J'ai côtoyé certaines de ces filles, mais il leur manquait à toute un petit quelque chose. Celle-ci était trop tête en l'air, celle la dansait très bien mais n'y mettais aucune passion...
Un jour que je me sentais guéri, je me suis ouvert à ma compagne du moment de toi et moi. Elle m'a immédiatement quitté, affirmant que c'est toi que je cherchais à travers elle.
Ecrit par Mr Freeze, à 13:28 dans la rubrique "Secrétaire".

Commentaires :

  passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
15-07-10
à 23:48

Tu es un romantique...
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