Taught to play the Autoharp

"- Au fait, j'ai croisé Miranda il n'y a pas si longtemps, elle est de nouveau célibataire."

Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

Miranda.
C'est bien toi de me faire réciter du Lamartine.

"- Ah oui vraiment ? Elle était seule et tu as sauté à cette conlusion, ou tu lui as demandé avec insistance, comme tu sais si bien le faire ?
- Non non, rien de tout ça, je marchais dans la rue et on a papoté un moment... Mais dis moi, tu t'y intéresse ? tu en pinces toujours pour elle ?
- Non, pas vraiment, mais je te connais bien. Tu tires toujours des conclusions hâtives, comme la fois où...
- Je suis sûre que tu en pinces pour elle. Regarde, tes oreilles sont pivoines.
- Je suis percé à jour."

Miranda. Rien que ça.

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Ellipse, un mois plus tôt. Soirée costumée chez des amis d'amis. Marat rencontre Marilyn Monroe. Le loup à tendance à vous montrer les gens que vous connaissez le mieux sous un tout nouveau jour. Je n'avais jamais croisée une Monroe aussi sensuelle, légère, électrisante. Telle une plume dans mes bras, elle virevoltait au rythme de la musique. Je crois qu'à un moment, le monde autour de son loup a commencé à fondre. il n'y avait plus que des tâches de couleurs mouvantes et un son ambiant.
J'ai ouvert les yeux dans une chambre sombre, allongé "sur un sopha matelassé de plumes de colibri". Marilyn me regardait derrière son masque, hermétique.

"- Ca va mieux ?
- J'ai été assassiné dans mon bain, vous savez. J'ai connu pire.
- Oh.
- Ne devriez pas vous joindre à la fête ? J'ai cru comprendre que vous étiez quelqu'un de réputé.
- Vous préférez la solitude ?
- Un verre d'eau sucrée plutôt. L'hypoglycémie tue plus lentement qu'un couteau, mais quand même."

Marilyn s'est penchée doucement vers moi. A chaque inhalation, elle se rapprochait un peu plus, comme si je respirais son corps. J'ai retenu mon souffle un instant, pour briser le fil qui la maintenait prisonnière, et ses lèvres se sont majestueusement effondrées sur les miennes; avec une lenteur calculée.

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Au matin, Marilyn s'est drapée de satin et a disparu dans la cuisine. L'odeur du café chaud et des croissants a réveillé la plaie de Marat, qui s'est empressé de passer une culotte de velours et une chemise de flanelle, avant de mettre une perruque pour courir vers la cuisine. J'ai failli percuter Ronald Reagan sur le chemin.

"- Nuit folle, monsieur le fantôme ?
- Président, je vous demanderais humblement de la fermer ou de recevoir mon humble poing dans la péninsule qui vous sers de nez. Mes salutations les plus distinguées."

Marilyn était assise sur une chaise en bois, tenant d'un main son vêtement et de l'autre un croissant. J'approchais une seconde chaise et m'y posait.

"- Bonjour.
- Bonjour.
- Honnêtement, je suis perplexe. Cinq ans sans nouvelles, et en une soirée je te retrouve dans mes bras. C'était quoi, ça ? Une erreur, un dérapage, un moment de faiblesse, un jeu de l'esprit ?
- Je dois t'avouer que j'essayais de ne pas y penser.
- Et bien tu es plus forte que moi parce que je ne fais que ça, y penser.
- Tu ne veux pas laisser couler et voir ou ça nous mène ?
- Ca ne nous mènera nulle part. Tu es désirable Marilyn, ou Miranda; mais je ne suis pas sûr de vouloir retenter quoi que ce soit avec toi. J'ai déjà suffisamment donné. "On peut pardonner, mais oublier, c'est impossible."
- Honoré de Balzac.
- Exactement."

Et j'ai laissé Marilyn de la Liberté avec son bol de café et ses croissants. Et je me suis allongé dans la baignoire.
Et j'ai regardé le ciel.
Et Miranda.
Et rien que ça.