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Intimités dévoilées

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Une autre forme d'autisme
--> Où l'auteur se noie dans les coquillages
La vie d'un handicapé social n'est pas souvent facile. J'ai parfois l'impression d'être un robot, mode on/off. Comme aujourd'hui. Journée normale, enthousiasme plein les pommettes et sourire carnassier comme jamais. Une vraie publicité.

Et puis, sortie du boulot, montée dans le bus... Plus rien. Plus de jus. Peut-être la fatigue, finalement, simplement.
Peut être pas.
Je n'ai pas reconnu mes collègues de bureau, qui ont préféré m'ignorer poliment. Poliment.
Je n'ai rien compris de ce que le contrôleur m'a dit. Une histoire de photo non visible, peut-être.
A ce que me disait la vendeuse au sourire désarmant non plus. Une histoire d'échange, d'essai. Non, je ne crois pas avoir essayé la robe taille 13 ans, ce n'est pas pour moi. Quoi, les chaussettes ? Oui, j'en porte en ce moment-même. Comment, une queue ? non, je ne me souviens pas en avoir une au cocc... Oh, vous voulez parler de la file d'attente qui s'est formée.

J'ai marmonné un désolé dont je ne comprenais même pas le sang, le sans, le sens; occupée que j'étais à me ronger les seins, les sens, les sans, les sangs. J'ai trébuché de dalle en pavés, traversé des nationales et des départementales sans bruits aucuns.
Et puis j'ai fusionné avec le monde. Comme ça, en fondant l'un dans l'autre. Les voitures faisaient parties de moi, la chaussées sous mes pieds était un prolongement de mes ongles; les immeubles de grandes plantes qui poussaient de mes cheveux. Il y avait entre les arbres et mes sabots des créatures étranges, rêveuses; quatre pâtes dont deux qui portaient des sacs et un bulbe lumineux qui me fixait de ses filaments blanchis. C'était de curieuses bestioles, étrangères et pourtant si familières. J'aurais presque pu deviner ce qu'elles pensait, juste un froncement de sourcil et un peu de concentration... Je ne sais pas si je dansait, si je volais ou si je marchais simplement, hagarde.

---

C'est dans le bus qui nous menait vers le lac la première fois. J'étais sur le siège devant les toilettes, parce que j'aime bien fixer le point ou apparaissent des têtes quand la porte s'ouvre. Invariablement, le regard est fuyant et les joues rosies. Surtout quand il y en a quatre, des joues et des yeux. Surtout s'ils sont six. Six si scies scient si sens scie, si cent six saucisses sautent si haut sans six haies si six sans six scies sang et saucisses. Si.
J'étais donc assise depuis quelques instants quand j'entends murmurer sur ma gauche (c'est drôle comme les toilettes sont souvent à droite, diextra et tu sinestra) des paroles comme :
"- Ca fait trois heures qu'on est parties et elle n'a pas bougé, une vraie statue !
- Moi je pourrais pas, c'est impossible, il faut que je parle.
- Attend, je vais tenter quelque chose. Tu veux un M&M's ?"

Je comprends, comme dans un lointain brouillard, qu'on sonne la corne de brume. Que mon voilier s'est empêtré et qu'il faut rentrer au port. Je me retourne donc vers cette cascade noire comme la nuit qui a remplacé l'orange matin parisien. J'ouvre la bouche, et aucun son n'en sors. Ma gorge bloque, recule, racle. Je manque m'étouffer, tousse deux-trois fois.

"- Oui, merci."

Comme une princesse à la rescousse de son prince charmant, elle est venue me chercher dans la grande tour du phare ouest. Lointain phare ouest. Phare phare aware, monsieur Vendôme.
C'est comme ça que j'ai rencontré Melina et sa poitrine à l'étroit dans un débardeur vert comme les bouteilles qui jonchaient mes forêts natales. Une odeur d'herbe après la pluie émanait de sa gorge, soutenue par un petit collier de perles d'ambres. Délicieuse bière ambrée, combien je voudrais pincer entre mes lèvres le bord laiteux de ta mousse, ta fraise, ton cou tendu.

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Je me souviens les longues courses nues dans la brume autour du lac, au petit matin lorsque la lune ne s'était pas encore couchée et que la température ne monterait qu'avec le soleil. Les douches communes, communément, syndicalement bloquées sur un bon quarante deux degrés radiaux, radiateurs. Nos peaux écrevisse qui ne supportait pas la caresse du tissu, qui mordaient les avances du glaçon entre les épaules. Les gémissements étouffés, tard dans la nuit, les petits couinements de surprise et de ravissement.

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Les pleurs, sous le soleil grisé qui devait nous raccompagner jusque Paris. Le film ridicule qui berçait l'intérieur du car, tous rideaux tirés, tous corps avachis les uns contre les autres. Des bras et des jambes qui dépassaient dans la travée centrale, le conducteur n'a jamais rien trouvé à redire. Et puis, lorsque la vitre avant passa du grisâtre à l'orange violacé des abords de la grande ville, les premiers téléphones qui sonnent "Oui maman on arrive, on sera là dans une heure. On a pris un peu de retard à cause de". Les éternelles promesses de se revoir, de s'écrire, de garder contact.

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"- Dix euros cinquante cinq, s'il vous plait."
Contact.
Je suis dans un supermarché. J'ai acheté Stephen King et une peluche. La fille me regarde de sa mèche rose, étrangère. Un froncement de sourcils, un peu de concentration. Sortir le portefeuille du fond du sang, du sac de marin. Un billet de dix. Ranger le portefeuille au même endroit. Sortir l'emporte-pièce des mêmes bas-fonds, une pièce de cinquante, fouiller les tréfonds pour une de cinq. Ranger dans l'abîme. Prendre mon dû, mon précieux, mon trésor.
Rentrer chez moi, jeter mes fripes sur le lit, le sac aussi, mon corps de même. Rester effondrée.
Ecrit par Mr Freeze, à 21:23 dans la rubrique "Classeur".



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