--> I Love the smell of Napalm in the morning.
C'est de la violence que je veux. De l'épique, du terrible, du tonnerre et des éclairs, le fracas de l'affrontement, les rugissements du temps et les vagissements de la douleur. Je veux prendre, posséder, conquérir et ensemencer une femme, lui faire un enfant que j'abandonnerais à trois ans pour revenir, des décennies plus tard, me torturer l'âme et l'esprit afin de savoir le retrouver. Je veux des émotions fortes, je veux des déchirements, je veux...
Je veux exploser de colère, frapper du poing sur la table et la briser de mes mains, prendre une planche et la fracasser sur mon genou. Je veux pouvoir hurler ma haine et mon amour à jamais entrelacés, je veux pouvoir dénoncer l'hypocrisie sans que l'on puisse me reprocher la mienne, je veux pouvoir frapper sans retenue les gens qui me déplaisent, je veux pouvoir rabattre leur caquets à ces incessants soliloquants, je veux pouvoir faire tourner le monde sous ma houlette, je veux agripper et pulvériser les murs contres lesquels je me heurte, je veux pouvoir faire trébucher cet imbécile qui me frappe de son épaule et ne s'excuse pas, je veux pouvoir repousser cette vieille bique qui me bouscule pour descendre du bus alors que devant moi la foule ne bouge pas et que de toute façon je descend ici aussi bordel de merde de chiure de mouche de raclure d'enfant de salaud de père à putains qui puent la morue jusque dans le coeur des hommes !
Pourquoi je te le demande, immondice, crevure, saleté, laideron, horrible rejeton d'une mère ingrate qui n'a pas voulu te déclarer comme sienne, pourquoi faut il que tu écrases les autres ? Pourquoi faut il que cet handicapé mental instille en moi les graines d'une atroce répulsion qui s'embrase comme une torche et brûle comme une étoile aveuglante dans la nuit noire de mon indifférence ?
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Je t'ai écrit cette lettre, je crois, pour te dire que je t'aime. Que je t'aime plus que tout. Que tu signifie tant pour moi. Mais, par le plus étrange des hasards, tu ne fais que me blesser. Et moi de t'aimer plus encore, d'en redemander. De toujours en vouloir plus, plus de toi, plus de tes mots, plus de tes regards, plus de tes blessures, tes privations, tes vexations. Tu te souviens, la dernière fois que j'ai demandé à te voir tu n'as pas répondu pendant cinq mois. J'ai attendu, patiemment, avidement, déraisonnablement, que tu daignes t'intéresser à moi. Et puis finalement, l'ennui et la vie on émoussé mon ardeur, on calmé ma douce folie de toi. J'ai appris à connaitre d'autres gens, à en aimer peut être certains, sûrement certaines.
Quelle ne fût pas alors ma surprise, là, au milieu de tous ces gens que j'aimais, de recevoir un court message de ta part : "si tu veux me voir, c'est maintenant, je suis au café de flore pour une heure."
Quelle ne fût pas leur surprise de me voir, livide, me lever d'un bond et disparaître sans laisser ne serait-ce que la trace d'une explication. Je crois que même l'herbe dans laquelle j'étais allongé ne se souviens pas de ma forme. Aussitôt dit aussitôt parti, j'ai couru comme un dingue, comme un dingo, comme un chien qui rejoins sa maitresse, aussi dégradant que cela puisse paraitre. J'ai dépassé deux bus, cautérisé mes poumons, émincé mes cuisses pour enfin y arriver. Le dernier souffle au bord des lèvres, je me suis rendu présentable, tout de même, on n'arrive pas auprès d'une dame sous n'importe quelle apparence. J'ai poussé la porte et tu étais là, magnifique et ennuyée. Tu m'as vu, tu as souri, tu t'es levée et tu m'a rejoins, laissant là un pauvre garçon qui dans toute sa mine dépitée ne pouvait cacher une profonde antipathie. Tu m'as dit "viens, vite" et j'étais exalté. Je t'emmenais sur les bords de ce fleuve crasse qui sentent la pisse et le vin, les pigeons et l'air marin, je t'emmenais loin. Tu dansais presque à chaque pas, virevoltais sur le macadam et t'enroulais autour des lampadaire, comme pour chanter sous le soleil de juin. Rien ne m'importais plus que de t'avoir arraché des griffes d'un autre prétendant, d'avoir gagné la couronne de lauriers avec périls et sans gloire.
Tu étais un poison, je m'en suis rendu compte bien vite. Un poison et son antidote, comme c'était la coutume il y a si longtemps. Tu m'as fait inviter, j'ai gouté ton existence et déjà le piège se refermait. Il n'y avait pas besoins de mots, pas de grandes déclarations à saisir, le mâle était fait. Gleipnir enserrait mon coeur, mon esprit, mon corps et mon âme. Te voir me libérais, te perdre chaque fois m'entaillais.
Je te l'ai dit, un jour, que tu étais le plus délicieux des poisons qui soit, que j'en boirais jusqu'à la dernière goutte si l'occasion m'étais redonnée. Que oui, tu amenais avec toi souffrance et difficultés, mais que jamais je ne l'avais regretté.
On m'a dit plus tard que tu jouais avec les hommes comme avec des petites poupées de son, que tu étais changeante et indécise, que rien ne t'importait que ta jolie petite personne que tu voulais qu'on te vénère, que tu cherchais le centre de l'attention, que tu braquais les projecteurs sur l'ether parfumé de ta peau enflammée.
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J'adore et je haïs l'approche de l'été tout à la fois. J'adore voir se découvrir les centaines de peaux d'albâtre d'un coup d'un seul. Ce foisonnement d'épaules, d'épines dorsales et de bretelles de soutien-gorge enlacés avec celles du débardeur me rend presque fou. Toutes ces nuques que je voudrais lécher, tous ces dos que je pourrais caresser, tous ces reins que je pourrais embrasser.
Je vénère le mini-short et la bretelle de soutien-gorge (brûlons les bretelles en plastique, si peu esthétiques), le débardeur ample qui laisse apercevoir une aisselle, la minijupe qui révèle des jambes longues comme l'histoire sans fin (et dieu sait qu'il en nait, des histoires, de ces jambes). Je loue la brise qui dévoile un pan de cuisse, les bustiers qui libèrent les épaules, les bikinis australiens, les chemisiers ouverts, les sandales qui découvrent de mignons petons. J'implore les dos-nus, les chainettes de cheville et les épingles à cheveux.
Et si on ne s'entendait pas, on parlerait plus fort.