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Intimités rangées

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Intimités dévoilées

Intimités fraiches
Dream ON
--> Dream OFF
C'est frustrant. Je n'arrive pas à assembler suffisamment de filaments de mémoire pour finir de poser ce rêve par écrit.

Je ne sais plus vraiment comment on en est arrivés là, peut être pendant une fête foraine sur un tarmac ou toute autre explication tarabiscotée ; mais il s'ensuivit que nous montâmes dans l'avion. J'ai déjà oublié les enjeux et le pourquoi de la chose, mais je crois me rappeler que c'était un jeu télévisuel avec un gain assez impressionnant. Toujours est il que nous avons décidé d'embarquer, Patrick et moi.
les visages des hôtesses étaient tous souriants mais figés comme des masques, elles parlaient à l'italienne avec leurs bras fins et longs comme des pattes d'araignées, et le chapiteau derrière l'avion semblait tout petit, ou alors l'avion était très grand. C'est un détail qui m'avais échappé, mais je ne me souvenais pas qu'Alice eut croisé un cirque ou un aéroport.
Une fois dans la carlingue, nous découvrîmes que les sièges étaient disposés comme dans un train, c'est à dire qu'ils n'étaient pas tous dans le sens de la marche. Mais qu'importe, c'était un avion immense - et de par le fait ce n'était pas le chapiteau qui était petit - et privé, son propriétaire avait donc eu tout loisir de le configurer comme bon lui semblait. Il y avait quelques personnes déjà installées à l'arrière et quelques autres à l'avant, juste avant le rideau des premières classes qui était tiré. Nous avons laissé passer quelques couples de passager avant de choisir deux places à cinq ou dix rangs du rideau, pour être proches de la première classe sans pour autant l'approcher de trop, par crainte et déférence ou par peur et respect de l'inconnu qui somnolait de l'autre côté. Quelles chimères cachait ce rideau, nous ne le savions pas, mais nous n'avions aucune envie d'être les premiers dévorés lors de son réveil.
Etrangement, ces places coïncidaient avec la sortie de secours, et en étendant les jambes la première suspicion naquit dans mon esprit. Il n'y a pas de coïncidences. Axel farfouillait dans son sac à mes côtés et déjà je me sentais oppressé. Je regardais nerveusement autour de moi et remarquais quelques personnes qui faisaient de même, mais plus troublant encore quelques passagers et passagères qui nous - qui me - regardaient d'un œil noir. Un œil noir et uni comme le pétrole. Il y avait un clown plus effrayant que drôle, une jeune jongleuse et plusieurs hôtesses. Je me carrais dans mon siège et attendait le décollage.

---

Des confettis surgirent de partout, la lumière m'aveugla et les trompettes m'assourdirent. Une hôtesse de l'air remontait l'allée, les bras en forme de balance comme sur les murs des pyramides, et son déhanché faisait peser la balance d'un côté ou de l'autre. Au début je n'entendis rien, puis le charabia qu'elle baragouinait et le charivari des annonces du pilotes devinrent plus distinct et je compris enfin qu'elle nous faisait passer la première épreuve.

"- Monsieur, une Cathédrale ?" me demanda-t-elle en se penchant vers moi.
"- Notre Dame de Paris ?" hésitais-je.
"- Vous auriez pu mieux choisir, car le propriétaire ronchon est parti avec les plans de construction.
- Je ne savais pas.
- Bref."

Et la voilà qui repars vers un autre passager pour poser d'autres questions. J'entends murmurer deux rangs derrière moi la jongleuse. Etrange, j'aurais juré qu'elle était huit rangs plus loin, adossée à la fenêtre de l'autre côté.
"Il aurais pu mieux choisir avec Chartres, Brasilia et Liverpool."
Je me retourne, un peu énervé.
"On m'a demandé une cathédrale et j'ai donné une cathédrale. J'aurais aussi pu parler des cathédrales néolithiques ou de celles que forment les termites. Pardonnez moi si mon manque d'intérêt pour les cathédrales n'est pas à votre gout !"

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Quelques minutes plus tard, j'ai la fugace impression que l'avion s'est un peu allégé. Ou vidé. Mais c'est impossible, on est en vol. Je regarde autour de moi, et je ne repère plus ce gros monsieur qui avait répondu faux. Serait-il possible ? Je ne peux m'empêcher de regarder huits rangs devant, et la jongleuse me renvoie un regard sévère. Je me retourne, et elle semble trifouiller son plateau repas. Mais nous n'avons pas été servis pour le moment... Et je reporte mon regard vers l'avant pour le voir bloqué par un siège sur le plateau duquel se trouve un repas fumant. S'est-on décalé d'un rang ? Je décide de reprendre la discussion plus tard et de manger d'un bon appétit quand une hôtesse viens se pencher vers Patrick et lui dis "il est l'heure, monsieur." Il acquiesce d'un hochement de tête et réponds "Oh, c'est vrai, je n'avais pas vu le temps passer."
Sous mes yeux ébahis, l'hôtesse - qui n'est plus cachée par les sièges parce qu'on se serait encore décalés d'un rang - ouvre la porte de secours et la tient pendant que Patrick se défait de sa ceinture et saute dans le vide. Suivi de deux ou trois personnes accompagnées par les hôtesses. Je m'agrippe à mon siège pour ne pas être emporté par l'appel d'air, et à travers mes yeux mis clos je vois d'autres gens faire de même à l'avant de l'avion. Au bout de ce qui semble une éternité, l'hôtesse qui n'a pas bougé d'un poil referme la porte comme si elle posait une feuille de papier sur un bureau. J'essaye de regarder par la fenêtre mais elles sont embués. L'arrière plan est cependant uni comme le ciel alors que pendant tout le temps que nous avons passé ici on ne voyait que des immeubles, un peu comme si l'on faisait des cercles autour d'une ville ; ou plus vraisemblablement du cirque.

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Les jeux s'enchainent jusqu'à ce que l'on nous annonce que nous atterrirons sur l'île de destination sous peu.

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Je pose le pied sur une piste très longue et très petite - à moins que ce ne soient les voiture qui sont très grandes - et aperçoit une foule compacte des deux côtés. A mieux y regarder, ce sont les voitures qui sont très grandes. La piste est semées d'embûches de toutes tailles, mais qui n'arrivent pas à cacher la pyramide monolithique qui bleuit presque tant elle est éloignée de nous. L'hôtesse nous explique que nous devrons rejoindre le sommet de la pyramide si nous voulons que l'avion nous reprenne. D'ailleurs le voilà qui s'envole et va rejoindre son perchoir.
Remarquant l'hésitation des gens autour de moi, je sprinte. Je suis rapidement dépassé par certains, plus rapides, mais uniquement pour les voir sombrer dans des gouffres révélés au dernier moment, écrasés par des troncs bardés d'aiguilles, brûlés par des lance-flammes, encagés... Et puis je décide de monter dans une de ces énormes voitures qui sont sur le bord de la route. A peine ai-je commencé à avancer que tous les pièges se concentrent sur moi, comme s'ils avaient une volonté propre. Mais c'est une illusion du machiniste, j'en suis sûr. J'appuie donc à fond sur l'accélérateur et écrase les rondins, fracasse les cages, saute par dessus les gouffres, souffle les feux.
Arrivé au bas de la pyramide, je prends cinq secondes pour évaluer l'ensemble. On dirait que le centre Pompidou de Paris à fait des enfants aux jeux qu'on trouve dans les restaurants rapides. Je me jette à l'assaut de la machine infernale et commence à louvoyer à l'intérieur, trouvant ici un escalier, là une barre de pompiers... Le chemin semble m'apparaitre devant les yeux au fur et à mesure, je sais toujours ou aller. D'un coin de l'œil je vois Axel escalader la pyramide par l'extérieur. Je me retourne et je me rends compte que beaucoup des autres m'ont rattrapés et sont en train de me dépasser, chacun prenant son propre chemin. Je redouble d'ardeur. Au bout de ce qui semble être quelques minutes je me retrouve sur une plate-forme, entre un ascenseur et l'avion, qui cette fois-ci me semble tout petit.
Il y a avec moi le clown, qui vu debout ressemble plus à un personnage de carnaval ; la jongleuse rouquine et deux trois autres personnages hauts en couleur.
L'hôtesse arrive d'une démarche détendue, nous fait monter et verrouille la porte. Je vois par le hublot des gens qui courent et sautent comme des singes dans la pyramide, certains arrivant à la porte et tentant de l'ouvrir, hurlant et gémissant comme des damnés qu'on les laisse entrer. Avec un tremblement, l'avion décolle. Je retourne m'asseoir près de Patrick.

---

Nous ne sommes plus que trois dans l'avion. Carnival, Axel et moi. Quatre, Jongleuse étant maintenant à trois rangs devant moi et ne cessant de me foudroyer de ses yeux noirs comme du charbon. Apparemment, c'est le voyage de retour. Axel me regarde, Patrick me pose une question. Je réponds distraitement, trop occupé à observer Jongleuse qui discute avec Carnival à voix basse et sans me perdre de vue. Carnival lance de temps en temps des regards narquois vers nous, avec un petit sourire sur son masque qui veut tout dire. Les hôtesses procèdent à un autre quizz, dont je n'entends ni les questions ni les réponses, pas même celles que je donne moi-même. Je m'ennuie profondément et je commence à somnoler.

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Et puis un des réacteurs de l'avion fait défaut. Une voix grondante résonne dans les hauts-parleurs et nous crie de trouver les parachutes car la dernière épreuve est celle de l'atterrissage. Au moment ou je me lève, Carnival retient Patrick par le bras, Axel me lance un regard mi-perplexe mi-dévasté, et Jongleuse s'approche de moi d'un air défiant. Je serre les poings et me tasse un peu sur moi même, prêt à en découdre.

"- Le jeu est truqué.
- Sans blague.
- Carnival et moi pensons que pour s'en sortir, il faut trouver l'organisateur.
- C'est stupide.
- Ah oui ? Et selon toi, comment est-on supposé gagner ?
- Je ne sais pas, en venant à bout de toutes les épreuves.
- Et combien y en a-t-il, tu le sais, ça ? Hein ?
- Et bien non. Mais ils l'ont sûrement annoncé au début, non ?
- Il n'y a pas de limite. Ils peuvent rajouter des épreuves quand bon leur semble. C'est ça le principe du jeu, faire de chaque chose une épreuve. Regarde simplement ce qu'ils font avec un réacteur en panne !"
Ecrit par Mr Freeze, à 22:40 dans la rubrique "Classeur".



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