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Intimités rangées

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Intimités dévoilées

Intimités fraiches
Le discours d'un roi
--> Je répète
"Yo llevo en el cuerpo un motor,
Que nunca deja de rolar
Yo llevo en el alma un camino,
Destinado a nunca llegar
Me llaman el desaparecido,
cuando llega ya sia ido.
"
Manu Chao, Clandestino

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J'ai dans le coeur un moteur.
Un moteur mécanique, rythmique, accéléré, battant, frappant, cognant toujours plus fort. J'ai le coeur qui s'écrase contre mes os, tambourinant la mesure contre sa cage, thoracique. C'est un soleil qui pulse au fond de moi, qui irradie dans mes membres et brûle dans ma tête. C'est une supernova qui n'en finit pas, c'est l'univers tout entier qui s'étend à ne plus savoir qu'en faire. C'est la rage au ventre, la rage de vivre, la colère profonde, soudaine, immonde, sordide, contre tout ce qui n'est pas beau, contre tout ce qui n'est pas bien.
J'ai le coeur qui fait bang! un big, bang!
Je lève les yeux au ciel et je vois le disque doré qui pâlit devant mon envie, le ciel bleu qui se racornit devant mon ambition. J'en veux plus, toujours plus. Je veux aller plus loin, plonger plus profond, repousser les limites, mes limites. Je veux traverser l'himalaya nu, construire un mur plus grand que la plus grande des murailles de chine, ériger un autel à nul autre pareil, creuser une fosse plus profonde que Marianne, déchirer l'écorce terrestre et me nourrir de son magma. Je veux de mes mains forger demain, je veux incinérer les possibilités.

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Je me suis levé ce matin, avec comme chaque jour la nausée. Compagne fidèle s'il en faut, toujours là pour me réveiller deux secondes avant l'alarme, par une torsion rapide et nette du duodénum autour de l'estomac. Dieu sait que ce n'est pas commun. J'ai tant bien que mal réussi à rouler au bas du lit avec un choc sourd et une douleur dans le coude. Puis je me suis levé, hagard agar-agar et j'ai ouvert les volets en grands. Le ciel me tendait ses nuages d'un air de dire "viens, si tu l'oses" et le soleil se cachait de l'autre côté de l'appartement.
C'est la radio qui fournit l'étincelle. D'un déclic, la musique qui entonne les première mesures. D'un déclic, le souvenir de la veille.
Epique, c'était le mot, non ? Je me suis souvenu que je ne pleurais jamais, que je ne savais pas faire. Quel fut mon étonnement, alors, devant ce grand tissu blanc, de sentir rouler une larme sur ma joue aride.
"This is war." disait le présentateur. A partir de maintenant plus rien ne serait jamais comme avant. Bien que le monde fut resté le même, il est devenu complètement différent à peine ces mots solennels tombés.
Qu'il était beau ce moment, dans la lumière blafarde du petit matin londonien baignant le salon d'une famille anxieuse à l'écoute du grésillement crépitant de la voix austère et lointaine. Ce moment suspendu aux lèvres, au nez et au souffle de chacun, retenu comme pour mieux s'y agripper au cas ou les pieds viendraient à manquer. A-t-on déjà vu quelqu'un attraper son propre souffle et s'envoler sur un nuage de buée ?

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"L'amitié ni l'amour ne doivent recevoir que ce qu'ils peuvent rendre."
Je ne suis pas d'accord avec Musset. J'ai cette fournaise dans le corps qui couve tant bien que mal les braises que tu attises de ta seule présence. Tu entres dans une pièce et les lumières vacillent. Tu souffle un mot et le monde retiens sa respiration. Tu soupires et les rideaux se lèvent sans comprendre.
J'ai hurlé ce matin, hurlé si fort que les voisins sont venus voir ce qui se passait. J'ai du les accueillir ruisselant, en pagne, et un peu désorienté. Mais c'est que, tel un phénix, je fonds sous l'effet de mes flammes. Chaque langue rougeoyante corrode un peu plus l'intérieur. Alors comment leur expliquer que je relâchait un peu de vapeur, tout simplement ? Que ce qu'ils entendaient n'était pas souffrance mais délivrance ? Quoique, les deux ne sont-ils pas cousins ?
C'est là que j'ai réalisé que ces douches abrasives que je prends me servent de larmes. Aussi chaudes, si ce n'est plus, que le brasier auquel je t'ai exposé. Aussi nombreuses, si ce n'est plus, que ces torrents d'émotions que je n'ai jamais déversé. Aussi dévorantes que ma crainte et ma jalousie réunies. Aussi violentes que les soubresauts matinaux que tu regardais jusqu'à il y a peu, impuissante et navrée.

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Je comprends maintenant que si je n'ai jamais haussé le ton, jamais dépassé les limites et les bornes, c'était par peur. Je suis une immondice de couardise et de lâcheté enfermé dans une carapace vide. J'ai peur de blesser, j'ai peur de brûler les autres par le charnier qui me sape les entrailles peu à peu et parfois par parois entières. Je n'ai pas crié quand tu m'as dit que je t'étouffais. C'est moi qui étouffais à ce moment là. D'indignation, d'incompréhension, de comment et de pourquoi et de tous ces mots que je t'ai lancé au visage comme autant de hameçons pour te retenir. C'est terrible, d'essayer de convaincre quelqu'un de rester en lui tendant des menottes. Car oui, la cage est assurément dorée, mais j'ai peur, j'ai bien peur, que la rouille n'ai commencé son travail.
Ma grande muraille de chine ne servirait donc qu'à te faire prisonnière ? Mon autel à nul autre pareil te serait écrasant ? Ma fosse effrayante et ma nudité attrayante ? Ma faim dévorante et mes mains tremblantes ? Tant de possibilités en fumée déjà envolée.

Tu sais, j'ai enragé. Une femme m'a demandé :

"- Valait-elle la peine de perdre tout cela ?
- Cubiquement.
- Et vous êtes toujours avec ?"

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Je ne sais, je ne savais, je n'ai, j'ai pas su quoi répondre. Je l'aurais frappé. Mais ça ne se fait pas. Mais je fulminais, mais pas contre elle, mais contre moi. Car, finalement, en valait-tu la peine ?
Une amie m'a dit que je n'avais pas de chance d'être tombé "sur une fille comme ça". Une fille comment ? Une fille comme ça, une fille comme toi. Une fille qui te dit, avec toutes les peines du monde, avec la douleur la plus exquise dans la voix, que tu ferais de n'importe quelle femme la plus heureuse et la plus comblée au monde, mais qu'elle ne se sent pas digne.
Digne ? Digne. Digne !
Dingue ! De quel droit s'arrogeait-elle, cette fille, la possibilité d'en juger ? De quel droit, usurpé, m'offrirai-je de l'en priver ? De quel abysse ma colère s'élève telle un pilier cyclopéen dans l'azur empourpré ? De quelles nuées, tel Icare, j'ai chuté.

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Je mérite d'être entendu car j'ai une voix.
Ecrit par Mr Freeze, à 20:21 dans la rubrique "Secrétaire".



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