Petite voix, petite porte
--> où l'auteur devient mono-obsessionnel
Je vous avouerais un autre de mes travers. Je suis fasciné par les portes. Les grandes, les petites, celles des maisons de poupées, celles du paradis, celles en fer forgé, celles qui sont fermées et celles qui sont ouvertes. Les tangibles et les intangibles.
Une porte, c'est une invitation à la transgression. Je ne saurais mieux le phraser. Surtout celles que l'on a déjà failli franchir. Comme cette porte de Saint Germain, en fer forgé d'un bleu roi écaillé. Elle n'existe pas. Coincée contre la devanture d'un café, on peut passer devant sans la voir dans un sens, et ne pas y faire attention dans l'autre. Un jour que j'errais dans le coin, et qu'un grand tuyau de caoutchouc blanc barrait ma route, je décidai de relever les yeux et de suivre ce serpent laiteux vers les immeubles avoisinants. C'est là que je l'ai vue.
Une porte ouverte, comme une invitation, qui donnait sur un couloir courbe et glauque, d'un crépis gris sale et humide, avec une lampe clignotante pendant d'un plafond en ruine dont les plaques de vieux plâtre tombaient dans les flaques d'eau croupies qui servaient de bain au serpent. Bien qu'il fit jour et terriblement chaud dehors, cet endroit respirait le froid, la nuit profonde, la mort et la décomposition. C'était comme le soleil en cet endroit ne parvenait pas.
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Je suis repassé plusieurs fois devant cette porte, pour la trouver à chaque fois close, ses feuilles de vignes enserrant une vitre en verre sablé qui m'empêchait de voir de l'autre côté.
