Rebecca
--> Où l'auteur cherche un titre et un sous-titre.
Je crois que je suis amoureux.
En soi même, je ne pense pas que ce soit un problème. Le problème vient surtout de combien.
Je suis amoureux de ma boulangère, de ses cheveux bruns, de son air détaché du monde, et du sourire mi-tendre mi-absent qu'elle me lance quand je lui demande "vos deux plus grosses miches". Je suis sûr que c'est un sourire de courtoisie, une immonde passade commerciale pour me faire revenir et ainsi fidéliser le client, mais voyez vous, ça marche.
Je suis amoureux de la caissière de chez P*card, sa coupe de cheveux un peu folle, ses joues roses et ses yeux noisette pétillants d'intelligence et de ruse comme un renard sous la rosée du matin.
Je suis amoureux de cette fille croisée dans la rue, maigre à en faire peur, un enfant accroché à ses cuisses tandis que la mère du marmot lui donnes les dernières recommandations (téléphone d'urgence, il prend son bain à telle heure, mange à telle autre, c'est un enfant fragile il ne faut pas bousculer ses horaires).
Je suis amoureux de la fille qui orne le mur de chez mon photographe,
qui m'a expliqué sobrement que "vous voyez ici, j'ai utilisé un double
spot en contrepied pour donner cette ombre là, ce qui fait qu'on
croirait presque voir une dune ici, tandis qu'a cet endroit la courbe
naturelle fait plus penser à une rivière ou une liane, quelque chose de
végétal et doux, quoi.". Laissez moi me perdre dans ce désert, à la recherche de cette oasis, pitié, faite la sortir de ce cadre morne et donnez lui corps !
Je suis amoureux de cette autre fille croisée à un arrêt de bus, brune aux yeux d'un vert pâle comme une jade, un livre ouvert dans les mains.
Je suis amoureux de cette blonde toute en jambes, assise en face de moi dans le café, l'air triste et le bout du nez rougi.
Je suis amoureux de cette inconnue dont le seul intérêt est d'être effondrée en larme sur un banc de la station Bolivar.
Je suis amoureux de cette fille dont je n'ai jamais vu le visage puisqu'elle marchait aussi vite que moi, mais plus loin, et dont tout ce que j'ai pu apprécier se résume à la minijupe qui moulait son arrière train d'une façon si belle qu'on en aurait écrit une odyssée.
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A la relecture, je me demande si finalement, je ne donne pas juste l'image d'un homme facile, qui flanche pour la première femme croisée. C'est pourquoi je vais vous dévoiler mon secret. On m'a dit un jour (c'était une brune au petit nez mutin) que lorsqu'on était amoureux, on avait des papillons dans le ventre. J'avoue que l'idée qu'un tel insecte ponde ses oeufs dans mon système digestif pour qu'ils deviennent des larves, fassent leur cocons et éclosent pile au moment ou je rencontre une femme me semblait saugrenue, douloureuse, et passablement sujette au hasard. imaginez que les cocons éclosent quand vous croisez votre chef de bureau ? Il faudrait donc devenir homosexuel parce que le Taenia était en avance ? Et en admettant que non, il faudrait donc reprendre tout le processus depuis le début ? Même en ayant plusieurs larves en différé, je n'y vois que des problèmes.
Je me suis donc décidé pour une méthode singulière. Toute femme qui me rend nerveux, c'est à dire qui me donne de la tachycardie, fait trembler mes mains plus fort qu'un marteau-piqueur et par sa seule présence m'empêche de trouver mes mots; cette femme, j'en suis amoureux.
Je crois que c'est là la racine du problème. Je suis nerveux de nature. Imaginez mon horreur lorsque, tournant dans un couloir de métro (station Belleville), j'ai failli percuter une femme entre deux âges, maquillée à la truelle, les cheveux en désordre et les jambes flageolantes, des bras osseux et aucun esthétisme ou que l'on regarde.
L'exception qui confirme la règle ?
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castor
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La dame entre deux âges, elle ne s'appelait pas Mrs. Danvers, par hasard?
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Celsius42
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Je n'en ai aucune idée. Après lui avoir jeté un "désolé" à la figure, je me suis empressé de continuer mon chemin. C'est fou comme on dit aussi souvent des choses qu'on ne pense pas le moins du monde.
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ode
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comme "bonjour ça va" tu veux dir???
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Celsius42
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par exemple.
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Kyrah
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Ahhhh, le "désolée" du métro, alors qu'en fin de compte, on pense "putain mais merde, regarde où tu vas aussi, sale con/ne!" (ui, en pensée je suis parfois vulgaire, mais jamais en vrai !)
Moi j'dis, c'est la faute à mes parents qui m'ont trop bien élévée.
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Celsius42
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C'est toujours la faute des parents. Du moins, ça leur retombe toujours dessus un jour ou l'autre. Et la gratitude dans tout ça, hein ?
*agite une canne à pommeau d'argent*
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à 13:00