Rise of the Planet of the Apes
--> où l'auteur ne critique pas
Je reviens du cinéma. J'y suis allé voir "La planète des Singes - L'origine".
Spoiler Alert.
J'ai beaucoup aimé. Les émotions sont montrées de façon discrète mais présente, il y a des indices, des soupçons... l'histoire est bien menée, les ellipses ne sont pas trop mal mal faites, il y a ce qu'il faut de romantisme (le strict minimum et pas plus), ainsi qu'un zeste d'humour. Mais la grande qualité de ce film - toute superproduction américaine à la mords-moi le billet qu'il soit - c'est le nombre de questions et les réflexions qui suivent.
Premièrement, j'ai adoré l'idée d'un traitement contre Alzheimer. On parle beaucoup de cancer et de SIDA (et je ne veux pas minimiser la gravité de telles pandémies) mais Alzheimer est une maladie qui touche une part de plus en plus grande de notre population, merci Hitler et sa seconde guerre qui nous menèrent au baby/papy-boom. Alors bien sûr, on me dira qu'il existe déjà des traitements qui ralentissent la déchéance. En effet. tout comme grâce à la technologie moderne on peut profiter de son cancer plus de cinq ans et que les sidéens arrivent à vivre plus ou moins normalement malgré leur trichimio-radiothérapies.
De tous les films que j'ai vus, celui-ci est le premier qui aborde (quoique vaguement) cette maladie terrible.
Secondement, l'éthique envers les animaux. Le film ouvre sur une séquence de ce que je crois identifier comme du braconnage, avec des africains qui capturent des chimpanzés (de taille humaine quand même) et les refourguent on ne sait comment à une grande entreprise high-tech où, au premier incident, on tue tous les singes comme un troupeau atteint de Creutzfeldt-Jakob.
Je ne veux pas lancer un débat sur comment traiter ou ne pas traiter les animaux.
Mon opinion personnelle est que la recherche sur les animaux apporte le double bénéfice d'orienter la recherche sur les êtres humains et de créer des pistes de recherche pour les futures recherches vétérinaires sur le même sujet (Encore que). Menée de façon responsable et avec le respect qui se doit, je pense qu'elle peut être une bonne chose, une force positive qui fait avancer la science, les connaissances et l'humanité. Le problème, c'est qu'on a plus d'exemple du contraire que de ce que j'envisage. Enfin bref.
Troisièmement, la façon dont on regarde les animaux. Sont-ce des créatures inférieures, nos égaux, des enfants de Dieu à notre image ou des frères de notre communauté New-Age aux cheveux longs et à la chicha facile ? La planète des singes, le livre, inversait les positions entre l'homme et le singe pour montrer, peut-être, que si nous étions ce que nous sommes aujourd'hui c'était surtout dû à un hasard et que n'importe quel animal eût pu occuper notre place pourvu que la nature l'ai favorisé lui plutôt que nous. Et ne commencez pas à chanter "Nous sommes les élus de la Nature, notre mère Gaïa" parce que ce n'est pas un choix conscient qui s'est opéré. Dans ce dernier film, c'est bien parce que les hommes ne voient Caesar "que" comme un chimpanzé de plus, privé d'intellect et de sentiments, qu'ils le sous-estiment et finissent par perdre. Encore plus lors de la scène sur le Golden Bridge (je ne vous la spoil pas, mais elle est sympa). Dans le cas d'une guerre entre l'espèce (et non pas la race, merci) humaine et une autre espèce animale (quelle qu'elle soit, si les dauphins commencent à pirater les sous marins thermonucléaires on peut dire qu'on est foutus), il ne faudra pas sous-estimer notre adversaire parce que c'est "juste" un animal. Sous-estimer son adversaire c'est lui offrir son dos. Peut-être que le point de vue tactique viens de ma paranoïa et de ma conviction intime qu'un jour les zombies marcheront sur terre, mais je digresse.
Quoi qu'il en soit, le point de vue de chacun sur les animaux reste quelque chose d'important. Mon prof de bio de terminale nous a parlé un jour de l'homocentrisme (ce n'est pas un parti politique gay et conservateur) lorsqu'il nous a montré des arbres phylogénétiques. Sur ces arbres, l'ancêtre commun est le tronc et les différents animaux servent de branches. L'homocentrisme consiste à donner la plus grosse branche à l'homme, soit-disant parce qu'il est "plus évolué". Mais du point de vue de l'Histoire avec sa grande hache, du point de vue du Cosmos, des étoiles, du soleil, de la terre elle même, nous ne sommes qu'une espèce de plus. Toutes les espèces vivant à l'heure actuelle (ou j'écris et ou vous lirez - peut-être - ces lignes) sont au même niveau d'évolution. Elles ont évolué suffisamment pour être en vie (ou en danger, reportez vous au site de la WWF) à ce jour.
Alors que l'on pense que les animaux sont débiles (mauvais choix tactique, vous mourrez quand -et pas si - les zombies arriveront) ou qu'il faut qu'ils soient les maitres de nos vies par leurs seuls caprices (ouvre moi la porte que je ne sorte pas, donne moi à manger que j'aille pisser...), je pense... Je doute que la réponse soit dans les extrêmes.
Tout ça me rappelle les gens qui disent qu'il est impossible de différencier un pékinois d'un autre. Parfois ils ne parlent pas des chiens.
Quatrièmement, la question de l'identité. Jusqu'à quel point un animal peut-il ressembler à un être humain sans en être un ? Jusqu'à quel point l'humain est-il un animal ? Qu'est-ce qui nous différencie, finalement, de nos cousins génétiques à 2% de génome près ? Je ne crois pas avoir vu un seul singe réel dans le film, donc pour la suite de la réflexion je ferais comme s'ils étaient tous des images de synthèses. Jusqu'où peut-on pousser la mimique et le réalisme de ces Gestalts ? Quand regarderons nous un film pendant deux heures avant de s'apercevoir qu'il n'y a aucun acteur dans les crédits de fin ? Ou peut être une ligne sibylline et mordante qui dira "James Bond - Algorithme 007".
Si l'on utilise comme base le discours sensé (et pas juste la parole, désolé perroquets et autres aras), la raison, l'utilisation d'outils, la réflexion, la capacité d'abstraction... Caesar ne pêche que sur un plan. Et si la seule chose qui le sépare de l'humain est l'absence de phonèmes cohérentes, le film se finit sur un Chimpanzé qui parle. Qui serait donc devenu humain ?
Et quand on voit la façon dont l'employé du "refuge" s'occupe des singes, et la façon dont ces derniers réagissent en feignant la soumission et en endurant encore et encore, à la manière d'un Gandhi qui prônait la non-violence, on ne peut que se demander qui des deux est le plus humain ?
---
Ce qui est drôle c'est qu'en sortant de la salle je marchais un peu vouté, un peu boitillant et les bras ballant. Comme le héros. Et je n'avais qu'une envie, c'était de me mettre à courir à quatre pattes de cette démarche chaloupée pour grimper à un arbre et rentrer chez moi en me balançant de branches en branches. Fort de ces réflexions, j'entrais dans la voiture et commençait instinctivement à suçoter une blessure que je me suis fait au doigt en grognant à la fois de plaisir et de douleur. Et puis je me suis gratté la tête. Et puis j'ai posé les pieds sur le tableau de bord et j'ai voulu y attraper quelque chose, pour en être empêché par mes chaussures.
Sommes nous si différents des singes ?