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Intimités dévoilées

Intimités fraiches
Les Corruptibles
--> Août en Paris
Toute cette histoire est folle. Je ne sais même plus quoi en penser.

Comme toute histoire, elle commence par un détail. Un détail auquel je ne prêtais pas attention sur le coup. Mais maintenant que j'y repense, posément, ça ne peut avoir commencé que là.
C'était dans les couloirs du lycée, juste avant une interrogation écrite. Je me tournais vers un collègue et lui demandais :
"- Dis, t'as pas une feuille vierge ?
- Fais gaffe à pas la dépuceler, hu hu hu.
- Mais c'est pas ce que je voulais dire..."

Plus tard, je joignais la Sorbonne pour des études de journalisme. Je voulais faire du journalisme d'investigation, peut être politique, qu'en savais-je réellement ?
Je découvris donc la vie à la fac, les soirées, les fêtes, la valse des visages sans noms et les différents petits egos de tout un chacun. Me revient alors en mémoire un épisode pour le moins embarrassant. J'étais accoudé au balcon, ivre et une cigarette à la main, profitant de l'air frais de novembre, quand une jeune fille s'approche à pas de chat. Une personne tout à fait sensible et sensée, qui malheureusement servait de faire-valoir à son "amie d'enfance", une resplendissante beauté sauvage dans un écrin de sophistication.
"- Ca te dirait qu'on disparaisse dans une chambre, rien que tout les deux, pour une heure ou deux ?
- Avec toi non, mais avec ton amie pourquoi pas."
Je regrettais aussitôt mes paroles. L'effet de l'alcool, un ingrédient de trop dans le tabac, une conjoncture défavorable ? Toujours est il que ce n'était réellement pas ma faute, puisque les mots m'avaient échappés. Mais son expression ulcérée m'est restée en mémoire.

Je continuais les cours et la vie, à peine rongé par le remord, alternant avec un petit job à monoprix. Mais là aussi, j'eus quelques déconvenues.
"- Ca fera soixante euros s'il vous plait madame.
- Vous rigolez ?
- Euh, pardon, deux euros soixante."

Le temps allant, ces petits tracas allaient croissant en fréquence et gravité. Après un voyage en Italie, j'avais des mots italiens dans des phrases françaises. En Australie, des mots italiens suivaient des mots français dans des phrases incompréhensibles. Je baragouinais littéralement. Certaines de mes rédactions se voyaient affublées de gros cercles rouges et de la mention "ce mot n'existe pas".

Je tentais de m'ouvrir à certains amis :
"- J'en ai plein le zen de ces blèmes pro-élocution, je te jute. C'est tellement relou de plus savoir parler Gaulois..."
Mais ne récoltait qu'un silence d'approbation contrit.

J'écrivis une lettre au début du mois d'août à un grand spécialiste de renom, espérant qu'il put m'aider à guérir de ces fourches de langage. Interrompu par la sonnette, je me levais et allait ouvrir la porte, laissant passer un courant d'air qui emporta ladite lettre par les airs, jusque dans la rue. Sur une impulsion, j'attrapais mes clefs, fermait chez moi et dévalais les escaliers en laissant plantée sur le pallier une belle plante.
Une fois dans la rue, je cherchais des yeux ma lettre, et je la vis qui tournais à gauche. Le vent la portait assez vite pour que je ne pus la rattraper, mais pas assez pour que je la perde de vue. Elle finit par ralentir et s'engouffrer dans une ruelle.
Arrivé au coin j'entendis des voix et décidait, par instinct, de ne pas me montrer tout de suite. On ne sait jamais, un dealer de drugs pourrait être en train de micmaquer je ne sais quoi.
"- Cinq cent seulement ? Tu m'as pris pour qui là, c'est un gros coup qu'on monte, on prend des risques. En plus je crois qu'il à des soupçons. Enfin pas tant que ça, il se croit malade. Mais d'ici à ce qu'il arrête de douter de lui et doute plutôt de nous... Tu sais, c'est un mec ambitieux, avec un ego bien placé... Et puis zut, lui faire crier le nom d'une fille qu'il ne connait pas alors qu'il est au pieu avec sa nana, c'est crade. Ya des mots qu'ils ne faut pas prononcer quand même.
- Tout le monde a un prix. Ne fais pas comme si le tien venait juste de monter. Tu t'es déjà vendu je ne sais combien de fois, tu ne vas pas faire ta pimbêche quand même ?"
Un maquereau et sa prostitué. J'étais bien ! Mais quelque part au fond de moi, il y avait ce prince charmant qui n'attendait que de pouvoir sauver une donzelle. Je pris mon courage et une barre de fer à deux mains, et j'entrais dans la ruelle.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir le doyen de ma faculté s'adresser avec véhémence à ma lettre. Et pire encore, de voir les lignes de mots sur ma lettre s'agiter et se tortiller comme des serpents.
"- Merde, il nous à vu ! No deal, boss !"
Et le doyen se retrouva avec une feuille vierge tandis que les mots s'envolait dans l'air chaud de Paris en août, comme des serpentins en reptation.

Les mots sont corruptibles.

---

Né grâce à ça.
Ecrit par Mr Freeze, à 09:24 dans la rubrique "Classeur".

Commentaires :

  Celsius42
Celsius42
10-08-11
à 11:50

La preuve...

... c'est que ces mots ne traduisent pas l'idée que je m'étais faite au premier coup.

Répondre à ce commentaire

  stupidchick
stupidchick
10-08-11
à 15:07

Hahahahahaha, j'aime beaucoup cet article.

paragraphe 2: tu es un goujat.
Répondre à ce commentaire

  Celsius42
Celsius42
10-08-11
à 16:09

Re:

De ne pas dépuceler une feuille ? La pauvre, elle avait à peine dix-sept jours...
Répondre à ce commentaire

  stupidchick
stupidchick
10-08-11
à 16:12

Re:

Ark.

Il fallait lire: paragraphe 3.

...saloperie de mots...
Répondre à ce commentaire

  Celsius42
Celsius42
10-08-11
à 16:17

Re:

Les terribles !
Répondre à ce commentaire

  MangakaDine
MangakaDine
10-08-11
à 15:33

Haha, rien qu'au titre, je savais de quoi ça allait parler....
A part ça, plutôt rigolote l'anecdote.
Répondre à ce commentaire

  Celsius42
Celsius42
10-08-11
à 16:11

Re:

A la base, je voyais le mot "maison" dans un gros imperméable à la Colombo, en train de faire passer une enveloppe jaune au mot "mais on" dans un Duffle Coat...
Mais bon, l'imagination...
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  passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
15-08-11
à 00:49

Le plus frustrant dans toute cette histoire, c'est votre pseudo private joke arghhhhhhhhhhhhhhhhh
Répondre à ce commentaire

  Celsius42
Celsius42
15-08-11
à 01:02

Re:

Jalouse ?

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  passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
15-08-11
à 16:19

Re:

Pas le moins du monde, voyons...
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