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Intimités dévoilées

Intimités fraiches
Le Coeur d'une Femme est comme le Ciel de Ganymède
--> Bleu avec des Nuages d'un Vert Citron
On dit que les femmes viennent de Venus, et les hommes de mars. C'est un peu mon cas.

Je suis né sur le Mont Olympe et j'y ai grandi, mais je ne connais aucune femme qui soit originaire de Venus. Dans la lumière crépusculaire qui me baigne, je revois un instant les pentes ocres que je dévalais, enfant; les lacs aux bords plats dans lesquels je nageais avec mes amis; les cratères saupoudrés de neiges éternelles comme les bols de ponch sucré qu'on nous donna au bal des diplômés de l'académie des nuées.
Je vérifie machinalement mon engin, de l'intérieur vers l'extérieur. Je suis au centre, le noyau. Je suis dans un siège, maintenu dans la sphère de contrôle par un bras à l'arrière, afin de ne pas gêner la visibilité. A mes pieds, deux étriers. Devant moi, le tableau de bord, coincé entre deux manettes. Ma sphère est enchâssée dans mon appareil, un Hyena, de façon à protéger mes arrières tout en laissant le front et les flancs ouverts. Le champ de vision est excellent.

En levant la tête, je peux voir une vingtaine d'interrupteurs et leurs diodes, toutes vertes.
La lumière orange dans laquelle je baigne passe au bleu. Le viseur tête haute affiche "Ready?".
Je cale mes pieds dans les étriers, les enfonce le plus loin possible. Un grondement sourd se fait entendre. J'attrape les deux manettes et tourne la gauche à fond. Le grondement monte très vite vers un rugissement violent, puis redescend doucement vers les tons plus doux d'un ronronnement.
La lumière passe de bleu à vert, et le viseur affiche "Clear!".

Je relâche la pression sur les étriers et tord la manette gauche avec force. Explosion.
C'est mon moment préféré. Pendant un instant, tout devient blanc, même le temps. Chaque fois, je repense au Kilimandjaro. Dehors, dedans, le bruit est assourdissant et la lumière aveuglante. Dedans, il n'y a que le goût de ma salive, ma propre odeur, et celle du caoutchouc sur les manettes, ainsi que son toucher entre mes mains.
Il n'y a que mes cinq sens, débordés pendant une éternité coincée entre deux secondes.
Et puis le temps reprends sa course. La piste défile sous mes pieds, à un telle allure que si je baisse la tête pour la voir, elle a déjà disparu. Alors je regarde devant. Et devant, c'est l'horizon qui charge vers moi, de ses deux ailes bleues impitoyables, qui remplissent mon champ de vision. En haut, en bas, à gauche, à droite.
Je ramène les deux manettes à moi, et l'horizon s'effondre. J'y suis. C'est le point culminant de mon voyage. Je relâche tout. Etriers, poignées. Je flotte dans un océan de cobalt fondu. Lorsque je sens les doigts malingres de la gravité retrouver prise sur mon Hyena, je relance la machine. Je pousse jusqu'à ne plus apercevoir les routes sous moi, et je me laisse tomber. J'enchaîne plusieurs figures comme ça, juste pour le plaisir de sillonner les cieux.
Puis je reviens à une altitude raisonnable et commence ma ballade. Avant, du temps de l'académie des nuées, je prenais un buggy ou une motocross pour parcourir les landes désertiques qui nous entouraient. J'apercevais parfois des escadrilles faire leur exercices au dessus de moi, lorsque j'étais allongé sur les mesas des hauts-plateaux. Plus tard, j'ai négocié les canyons qui les séparent et brossé les touffes d'herbes qui y poussent avec un rase-motte. Maintenant, je n'ai plus de limites. La planète entière me sert de jardin d'arrière-cour, ou je puisse me sentir bien. Je regarde le sol défiler à toute allure sous moi. Je fais la course avec les nuages. j'accompagne les migrateurs d'un pôle à l'autre. Je danse avec l'alizé, taraude le zéphyr, esquive le sirocco et bataille avec l'harmattan.

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Le goéland se perd dans le coucher de soleil. Je baisse les yeux sur l'horizon, la mer qui avale le soleil, les vagues qui s'écrasent sur le sable, la jetée sur laquelle se trouve mon fauteuil, mes jambes atrophiées. J'attrape les roues et manœuvre un demi-tour.

Si seulement je pouvais voler...
Ecrit par Mr Freeze, à 00:15 dans la rubrique "Classeur".



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