Je commencerais d'abord par incriminer Songe. Plus particulièrement
un de ses articles. Puis
un autre chez passionnée-par-les-rêves (notez le thème onirique).
Particulièrement le second, en fait. Tout d'abord parce que je l'ai lu en premier (alors que c'est le second), et ensuite parce qu'il m'intéresse plus au vu de ce dont au sujet duquel il eut fallu que je pense à quoi je comptais m'entretenir
à vos dépends avec vous. La question de l'identité virtuelle, pour faire pompeux.
Je pars de la base théorique selon laquelle je suis un être humain devant un ordinateur. Théorique je dis bien, car j'ai créé ce joueb,comme une sorte de Test de Turing (le Test de Turing consiste à faire discuter un être humain avec une machine. A partir du moment ou l'être humain ne se rend pas compte qu'il parle à une machine, elle a passé le Test de Turing). Si je garde le silence sur mon corps physique, combien d'entre vous sont prêts à accepter le fait que je suis un programme informatique et non un être humain ? J'adore l'idée que les gens que l'on rencontre sur le net sont, en fait,
des fantômes. Ironiquement, ça leur donne beaucoup plus de... euh... Corps.
C'est là qu'intervient passionnée, de façon très simple. Quand je lis ses articles, je suis dedans, avec elle. "De la sortie de métro à chez moi, je me suis imaginée [...]" dit-elle.
Et bien nous sommes deux. Je l'ai imaginée aussi, de la sortie de métro à chez elle.
Fille, donc, puisqu'elle est "imaginé
E". Elle sortait du métro pour rentrer chez elle. Je suppose qu'elle est habillée comme toutes les jeunes filles que je croise dans le métro, c'est à dire avec quelque chose pour la mi-saison. Elle doit avoir un sac, aussi, parce que de nos jours tout le monde à un sac dans le métro. Moi qui me promène les mains dans les poches, j'ai l'impression de débarquer de Dehli. Non pas que j'y sois né, mais vous avez l'idée.
"Et j'avais l'air heureuse. Sur les photos de mon imaginaire." continue-elle. Photos que j'ai vu, aussi. Sur une cheminée, dans un petit cadre en or blanc poli.
"Hier, devant les amphis, Alix a embrassé mes joues avant de s’enfuir." Pour finir mes exemples. J'étais devant les amphis. J'ai vu alix s'enfuir. J'ai vu ses joues rosir.
Et c'est là ce qui m'ennuie. N'est-ce pas un peu effrayant, de suivre quelqu'un de la sortie du métro jusque chez elle, de regarder ses photos souvenirs, d'espionner les gens qui embrassent ses joues ? Qui suis-je pour la suivre ainsi dans sa vie ? De quel droit ?
J'avoue sans honte et avec beaucoup d'embarras que je me sens un peu voyeur, dans cette histoire. Un peu beaucoup.
On me répondra qu'elle a mis ça sur le grand nain Ternette, et que par conséquent elle n'a plus aucune prise sur ce que d'autres gens ont fait, font, feront de ces mots. Ce n'est parce qu'on vous donne un bonbon qu'il faut le croquer.
Donc, qui suis-je. On définit parfois une personne par ses fréquentations. En va-t-il de même pour les personnes virtuelles ? J'aime beaucoup la façon qu'a
C-C de rappeler d'anciens articles. Ou celle de Mangakadine :
(Click). Ce qui ne
vous m'apprends pas grand chose à part que je suis partisan de la méthode C-C. (D'ailleurs puisqu'on parle de lien, j'adore la petite étiquette qui apparait quand on laisse sa souris sur un lien suffisamment longtemps sans cliquer)
J'ai donc pensé à ces deux personnes que je fais cohabiter, la réelle et la virtuelle. Je vais décevoir
Above-The-Clouds, mais la personne réelle ne possède pas de véranda penthouse. Le locataire du 31ème étage de l'immeuble d'à côté, par contre... La virtuelle, donc, a commencé comme un Test de Turing. Test que je fais avorter ici et maintenant avec cet article, puisque j'avoue immédiatement mon humanité.
Je suis donc humain. Ce n'est que la première de mes caractéristiques. Si j'ai bonne mémoire, j'ai dû écrire des articles en accordant au masculin ou au féminin selon l'envie du moment.
Coïncidences,
Castor (que l'on croyait masculin) avoue être du
sexe faible. De même, Ode se bat pour affirmer sa
féminité masculinité malgré le corps disgracieux que lui a conféré Dame Nature (elle, ou il, est roux). Aphone, au contraire, cherche à
retrouver la femme qui est en elle.
J'en viens donc à moi. Suis-je pour vous un rude mâle au menton piquant, ou une frêle demoiselle à la recherche d'un prince charmant ? Les possibilités sont infinies !
Si je suis un homme et que je l'affirme, il ne se passe rien. Enfin je crois.
Si je suis un homme et que je me fais passer pour une femme, je tombe dans le cas Ode. Enfin je crois.
Si je suis une femme et que je me présente comme telle, il ne se passe rien. Enfin je crois.
Si je suis une femme et que je me fais passer pour un homme, c'est le cas Aphone. Enfin je crois.
Et c'est là la première des difficultés que je veux aborder ! Quel que soit mon sexe, vous, lecteurs si rares et précieux, comme des flocons de neige,
(You are not a beautiful and unique snowflake. You are the same decaying organic matter as everyone else, and we are all part of the same compost pile. ~Chuck Palahniuk, Fight Club, Chapter 17) allez vous créer une image de moi, comme je m'en suis créée une de passionnée-par-les-rêves. Et cette image sera lourdement influencée par le sexe affiché, et votre confiance en moi. Me faites-vous confiance ? Ai-je suffisamment confiance en passionnée pour accepter qu'elle est femme, amoureuse, et probablement par terre ? ("[...] le fait que je tombe amoureuse, que je tombe amoureuse, que je tombe."). Ai-je suffisamment confiance en vous pour vous dévoiler ce qui au final est une grande partie de l'intimité d'un être humain, son sexe ?
Est-ce le but de tout joueb que de dévoiler son intimité ? Est-ce le but du mien ? Suis-je, en plus d'homophobe (selon mes collègues,
{Click}), exhibitionniste ? Pervers polymorphe parce que je me fais passer pour femme si je suis homme ou perverse polymorphe lorsque je me fais passer pour homme alors que je suis femme ? (Ce qui me rappelle une partie de jeu de rôle lointaine ou un de nos amis les plus bâtis et hirsutes décida de jouer une femme qui se faisait passer pour un homme. C'est donc l'histoire d'un mec qui se fait passer pour une fille qui se fait passer pour un mec qui se fait passer pour une... Attend, je suis perdu, reprenons.)
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Je regarde l'heure et je vois que j'ai un Gala de bienfaisance dans exactement le temps qu'il me faut pour prendre mon hélicoptère (qui m'attend sur la terrasse à côté de mon penthouse, merci de suivre) et arriver en parachute. Je crois que je me passerais de
robe.
à 20:19