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Intimités rangées

Intimité recherchée

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Intimités dévoilées

Intimités fraiches
Premier Quartier
--> Three Panel Soul
"- Tu ne te poses jamais la question ?
- La question ? Quelle question ?
- Comment tout à commencé ?
- Non."

Je dégage mon bras de sous sa nuque et m'assieds, genoux sous le menton et bras autour des jambes. Je l'entends faire de même. Nos regards se braquent sur l'orbe marmoréen, loin au dessus de nous.
Borgne et blafarde, la Lune déverse sa lueur sur nous comme une mère offre son lait au nourrisson; avec amour, compassion et tendresse. J'aimerais ressentir les mêmes sentiments pour nos voisins. J'observe son pâle disque, les vallées creuses et les fières collines, les profondes rides et les petits cratères qui parcourent sa surface. Ce soir, elle ne nous montre pas son visage. Elle est pourtant très belle, ainsi suspendue dans le firmament. Pleine de vie et de grâce, dansant dans les nuages engourdis, un instant cachée à nos yeux; l'instant suivant irradiante de splendeur. Son énergie, sa force rayonne jusqu'à nous, électrisante. Ce disque puissant qui fait bouger les mers de par sa seule présence attire nos regards enflammés, captive nos coeurs et hypnotise nos esprits. je sens sa présence couler sur ma peau, hérisser mes moindres poils, faire bouillir mon sang. Son calme et sa sagesse sont miens depuis longtemps, mais ce soir, elle est spéciale. Ce soir, elle est fébrile, vive, indécise. Chantante. Son trouble, son agitation me gagne. Cette nuit n'est pas faite pour le repos, j'en suis persuadé.
Je me demande un court instant comment serait la vie là-bas. Peut-être comme dans les grandes plaines amérindiennes, que l'on parcourait à cheval pendant des jours sans rencontrer une seule âme en vie. Peut être serions nous heureux, de pouvoir courir libres sur les plaines de craie blanche, laissant derrière nous un nuage de poussière qui ne retombera que le lendemain. Peut être pourrions nous dessiner avec ces nuages, comme on a gravé à Nazca les animaux les plus improbables.
Je laisse échapper un soupir et baisse la tête vers l'herbe qui ondule à mes pieds. Ses mouvements de va-et-vient, poussée par un petit souffle de vent, chatouillent doucement mes orteils. Ce même souffle de vent nous apporte mille odeurs de la forêt derrière nous : humus, fougères, champignons, lièvres, musaraignes, chevreuils, hiboux... C'est un grouillement de petits bruits et de senteurs aussi éphémères que discrètes. C'est nôtre forêt. Je souris.
J'entends son bras se lever, sens sa main venir à la rencontre de mon crâne, et ses griffes me gratter entre les oreilles, juste au dessus de la nuque, de façon mécanique, comme si elle n'y pensait pas. Son regard s'est porté sur l'horizon, ou le soleil n'apparaîtra pas avant des heures.

"- Il va être temps.
- Oui."

Je me relève prestement, prenant appui sur un bras et balançant le second; elle fait de même. Avant de me retourner vers l'orée du bois, je lance un dernier regard sur le village en contrebas. Coincé entre nôtre montagne et quelques collines, il est assez ridicule. On y trouve quelques cabanes de glaise et de chaume recroquevillées les unes contre les autres, comme pour se tenir chaud pendant l'hiver. Il est situé au bord d'une tourbière aux fumerolles ondoyantes, et on y accède par un col entre deux collines mitoyennes. Ca me rappelle ces jouets pour enfants ou je coinçais toujours le cube dans un trou triangulaire. Je reconnais chaque rue, a peine distinguables depuis le ciel tant les maisons sont serrées. Voici celle ou je suis né, celle ou j'ai grandi, et voilà la dernière que j'ai jamais arpenté.
A l'entrée du village, il y a un attroupement. On y voit plusieurs hommes et quelques femmes, en grande discussion. Chacun y porte une torche dont les flammes se tordent sous les coups de fouet du vent moqueur. J'entends leurs éclats de voix par intermittence, comme autant de vitres qui se brisent en tombant au sol. Je ne discerne pas les paroles, mais le ton est houleux. Il y a des pleurs. Eux aussi sont nerveux, mais je doute que le disque lunaire soit à l'origine de leur malaise. Je crois plutôt que c'est nôtre présence.

Je me détourne de ce spectacle et entre dans la forêt. Je commence par de petites foulées, avant d'allonger le pas, pour finir par courir à toute allure. Le sol sous mes pieds fait comme un tapis épais qui se creuse pour amortir le choc sourd de mon corps contre la terre. Je piétine la mousse et laisse d'énormes empreintes dans la boue à peine séchée. J'écrase de petits branches, martèle des rochers plats. Le vent qui s'était tu un moment est revenu, d'abord comme un chuchotement, puis plus fort, plus rauque; plus sifflant au fur et à mesure que j'accélérais. Il hurle maintenant dans mes oreilles une plainte déchirante dont je ne comprends que l'air. Il est un peu comme ces villageois : agité, curieux, inquiet; il tente de se rassurer en couvrant le silence de ses cris, cherche un auditoire qui le comprendrait. Cet auditoire, ce n'est pas moi. Tandis que je galope comme un dément, les oreilles rabattues sur le crâne et la bouche largement ouverte pour avaler de grandes goulées d'air, je ne pense qu'à retrouver la clairière. Ma clairière. Nôtre clairière. Toutes mes pensées sont dirigées vers elle en ce moment. Je me faufile entre les arbres comme le fil passe le chas d'une aiguille, louvoyant entre nos compagnons centenaires, chacun me criant que je suis plus près du but. Tout mon être est tendu comme la corde d'un arc vers ma destination. Lorsqu'au loin j'aperçois le dernier arbre.
Je me jette par terre et freine des quatre fers, laissant au sol une trace profonde. Peu importe, je suis arrivé. Et elle aussi.

C'est un cercle irrégulier que l'on a nous même déboisé. Nous avons d'abord arraché les arbres, un par un, afin de dégager un espace suffisamment grand pour que nous puissions tous y tenir. Puis nous avons enlevé deux autres rangées d'arbres, au cas ou nôtre population viendrait à croître. On y a planté d'immenses rochers polis avec soin : un au centre et une trentaine en cercle. Nous avons ensuite décoré ces rochers avec des cordes de chanvre tressées. Nous y venons chacun à sa convenance, mais somme toujours réunis, tous ensembles, au moins une fois de temps en temps. Depuis que nous avons fait de cet endroit nôtre retraite, le groupe s'est agrandi et nous avons encore déboisé quelques rangées d'arbres. Mais l'esprit du lieu est resté le même, c'est le nôtre. Non pas que le domaine nous appartienne, mais nous en avons fait quelque chose, et en réclamons les bénéfices. Comme un forgeron s'enorgueillit de son labeur, comme un joaillier estime sa taille, comme un peintre chérit son oeuvre; nous raffolons du lieu. Il était inoccupé et inutilisé depuis des siècles. Nous sommes arrivés, par petits groupes, et nous sommes installés. Ne dérangeant personne, nous y avons fait nôtre tanière. Un endroit à nulle autre pareil, ou nous sommes nous-même, libres de toute contrainte, de tout mal. Nôtre Utopie.

Je relève la tête et me rends compte que le groupe n'est pas complet. Les retardataires arrivent par couple, par familles, seuls. Enfin, tout le monde est là. On se dévisage, on se renifle, on s'effleure, on se touche. Les bras se tendent, les mains se posent sur les épaules, sous les coudes, sur les hanches. On se serre l'un contre l'autre, on s'embrasse, on soulève un proche avec joie. Ce sont bien les nôtres, leur visages, leurs odeurs si agréables. Ce n'est pas une famille, mais presque. Ce sont des gens très différents et pourtant si proches, comme des cousins lointains qu'on n'aperçoit que trop rarement. Leur présence rassure, apaise, et attise à la fois le feu qui brûle en chacun de nous. C'est si bon de faire partie d'un tout.
Un signal invisible, et toutes ces effusions cessent. On se rassemble autour de la roche centrale, qui luit faiblement sous l'oeil unique du disque blafard. Le vent a forci, et nous force à nous accroupir. Quelques regards se perdent, puis nous hurlons à l'unisson, d'un hurlement qui résonne dans toute la montagne et fais trembler le sol.

Ce soir, la meute défend son territoire...
Ecrit par Mr Freeze, à 17:38 dans la rubrique "Classeur".
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Commentaires :

  penseeenvrac
penseeenvrac
23-02-10
à 22:35

bonsoir,
 je vois que mes écrits ont attiré tes commentaires, je me suis dont aventuré chez toi!! enchanté!! (je t'avoue n'avoir pas tout de ton texte la, mais j'en ai lu une partie :d) j'aime bien!!!
tu es d'ou? bref j'ai cru comprendre que tu étais ici depuis pas longtemps?!?... non peut être.. bref!! bonne continuation :)
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  Celsius42
Celsius42
24-02-10
à 00:03

Re:

Et bien, depuis hier je crois. :)
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  LiliLou
LiliLou
24-02-10
à 12:52

Ma jolie pensées en vrac, tu devrais revoir un peu ton tétoucoum, t'as l'air d'un boy.

Jolis mots, je note l'adresse, je repasserais.
Un nouveau, un ancien ?... Mmmh....

Bienvenue en tous les cas!

Au plaisir !
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  penseeenvrac
penseeenvrac
24-02-10
à 18:24

Re:

ma lililou d'amour, je ne vois pas en quoi j'ai l'air d'un boy!! jtadore mais stp ne me vanne pas ici sur joueb
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  LiliLou
LiliLou
24-02-10
à 18:43

Re:

Mdr !! je ne te vanne pas !!
Regarde ton tetoucoum (avatar), t'es blond aux yeux bleus gigantesques, et peau blanche.
Cliques sur "penseeenvrac" et modifie ton tetoucoum (petit personnage dessiné) LOUL
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  penseeenvrac
penseeenvrac
24-02-10
à 19:39

Re: Re:

a je croyais que tu parlais de ma façon d'écrire!!! désolé coupine!! a ouai ba normalement ya une photo qui s'affiche mais la ca veut pas, jvais tout de suite remédier a ce pb la!
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  penseeenvrac
penseeenvrac
24-02-10
à 19:49

Re: Re:

mais heu, mon c********************** de tetoucoum, ba il veut pas se modifier sniff
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  aphone
aphone
25-02-10
à 03:07

Re: Re:

Si, t'es belle maintenant c'est vrai =)

Bises à toi Celsius !
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