Taught to play the Autoharp

Je pensais à Liz et ses articles d'une ligne, en me disant que j'aimerais bien, moi aussi, encapsuler le monde dans trois mots. Je ne passe pas toujours chez elle, mais c'est toujours avec plaisir. J'y vois des mondes se dérouler dans les espaces entre les mots, des planètes dans points sur les I, des comètes dans les virgules et des astéroïdes en guise de trémas. Je me disait "je devrais tenter d'écrire un article d'une à trois lignes, comme elle, en hommage en quelque sorte".

Et puis, je suis passé chez Infra-Rose. Give Us Money We are Pretty. La petite fille à l'encens. Yann Tiersen. Je connaissait le nom. Je pensait que c'était de la musique Breizh, avec des petites cuillers qui claquent l'une contre l'autre, et un souffle d'iode dans la voix. Que je trouverais ça bof, comme tant de musiques. Vous savez, celles qu'on met en arrière fond sonore, parce que voilà, le silence c'est insupportable. Quand on est seul, il nous rappelle qu'on est seul. Quand on est à deux, il creuse l'écart et nous chuchote qu'on à rien à faire ensemble. Alors on met de l'insipide, histoire de combler les vides.
Et c'était marqué là. Summer 78. J'ai tout de suite pensé à 1969 d'Iggy Pop. Je me suis dit "peut être que ça balance, ça. Alors j'ai cherché. Ah, c'est Yann Tiersen. Bon, qu'à cela ne tienne, il est toujours l'heure de découvrir des choses. Comment ça, Goodbye Lenin ? Je connais ce film, il est magnifique. J'ai déjà du entendre cette musique alors. Voyons cela.

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C'est ça Yann Tiersen ? Il faut que je trouve autre chose à écouter, que je me rende compte. Peut être sa voix, quelque part, pour me rassurer. Peut être que si je l'entends cela brisera l'enchantement.

Non. Nulle part de voix. Yann Tiersen fait de la musique du vide. Des petits rien. Et c'est tellement beau. Chaque note viens caresser mes oreilles de ses doigts menus, enserrer mon coeur d'une langueur monotone, comprimer peu à peu la cage contre laquelle je m'évertue. C'est un poids immense qui pèse sur mes épaules, le poids écrasant d'une infinité de notes vides. Et c'est tellement beau.

"Laissez-moi fuir la menteuse et criminelle illusion du bonheur ! Donnez-moi du travail, de la fatigue, de la douleur et de l'enthousiasme." George Sand.